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adame, vous ne devriez pas entrer, elle n'est vraiment pas en bon état. » Le médecin, regarde la pauvre femme avec ces yeux qui veulent tout dire. La mère de la jeune fille grimace, le coeur lourd et les larmes au yeux. Elle pousse d'un coup sec le médecin et entre dans la chambre. Sa fille, dans le creux du lit. Les yeux clos. Alice dors-tu ? Un sanglot étouffé sort des lèvres de la mère d'Alice. Elle s'assoit à son chevet et prend sa main dans la sienne. Ses yeux clos, elle ne peut plus voir son visage et son corps brisé. Comme une poupée, une simple marionnette. Des machines un peu partout, pour lui permettre de respirer. Ce tuyau au creux de sa gorge, un masque blanc relié à une machine au bruit infernal qui recouvre la moitié de son visage impassible et livide.  Elle ressemble à un cadavre et pourtant petite Alice, tu as l'air si paisible dans ce lit immaculé. Son souffle écrase le silence dans cette pièce. « Alice qu'as-tu fait ? »

Mais oui, qu'ai-je fait ? Sur ce lit de mort, je ne vois plus rien. Le pire, c'est que j'entends, j'entends tout. Les langues de vipère qui passent, les mauvaises paroles et surtout, je sens mon monde se détruire petit à petit. Un accident, un banal accident de voiture et me voilà, détruite. Je me souviens, étant enfant, le pays des merveilles. Si beau, si serein. Je n'y suis plus allée depuis. Mais, en ce moment même, je le guette, je le regarde dépérir sous mes yeux. Je regarde ma création pourrir petit à petit, je vois mon âme se briser comme un bâton de bois. Et puis, il y a eux. Eux, ceux qui arrivent à peu près tous les jours. Je les regarde entrain d'explorer mon monde à moi. Je les regarde sombrer petit à petit dans la folie, admirer ces terres déchues. Combattre les monstres de mon esprit tourmenté. Tout ici, est devenu putride, l'eau est devenue pétrole, tout n'est que maladie, désolation, pleurs et mort à chaque coin de mon beau pays. Ce pays que j'ai tant chéri, ce pays que j'ai tant aimé. Alice qu'as-tu fait ? Sa voix résonne à nouveau dans ma tête et moi, impuissante, je ne peux que découvrir les méandres de mon monde.