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Les conséquences de la première INTRIGUE de WHYDA, c'est par ici ! :proud: :cat:
N'hésitez pas à REMONTER WHYDA sur bazzart ou prd :hin: :fox:

Ce n'est pas parce que le forum a une annexe sur les troubles qu'il est obligatoire de jouer un personnage malade.
UN SAIN D'ESPRIT c'est tout aussi bien. :rabbit: What a Face
Il est obligatoire de BIEN lire les annexes, auquel cas le staff vous mordra les fesses. :ivil:
Nous n'acceptons pas les pseudos à initiales - retournons aux origines simplistes les enfants. :aw:
Entre autre, pour continuer sur les pseudos, les prénoms trop excentriques (drogue, alcool
:chaat: ou autre totalement improbable) sont INTERDITS, merci de rester réalistes. :chaat:
Les personnages du pays des merveilles ne sont pas acceptés, seuls les morts peuvent passer ! :maw:
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 lost myself and I am nowhere to be found ► DAN

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Danny Weaver
Danny Weaver

❝ la mort imprévue fait partie de la vie, il faut bien l'accepter ❞

✢ DENTS PERDUES : 1174
☩ CERVELLES GAGNÉES : 3674
✢ ARRIVÉ AU PAYS LE : 06/05/2014
✢ PSEUDO : radioactive fish
✢ AVATAR : heath ledger
✢ CREDITS : sugar slaughter, wild hunger
✢ AGE DU PERSONNAGE : vingt huit ans, vingt-huit, joli nombre s'il s'en faut, vie trop courte s'il en est
✢ JE SUIS : une chenille avec une chicha, paye les conseils et fumée gratos
✢ DANS TES POCHES : couverture en plumes de jubjubs, lanterne lucioles (encore 15), potions répare-tout (6), somnicakes (6), et un fragment d'une dent du morse dont les propriétés lui sont encore inconnues -elle a au moins le mérite d'être un peu classe-
✢ TA VIE : 54/100
✢ ANCIEN METIER : barman, l'ironie de l'alcoolisme
✢ LOCALISATION : crypte de la chenille, tant qu'à faire, à ruminer dans un coin, ou pourquoi pas à la rivière sanglot, c'est selon l'humeur
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If heaven has any plagues beyond what I can drum up, let it wait until your sins are piled high and then hurl them down on you, you destroyer of a whole world of peace ! May conscience eat away at your soul constantly. May you suspect your true friends of being traitors and take the worst traitors as your closest friends. May you never sleep a wink except to dream of a hell full of ugly devils.
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✢ JE EST UN AUTRE : l'allemand chelou
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MessageSujet: lost myself and I am nowhere to be found ► DAN   lost myself and I am nowhere to be found ► DAN EmptyVen 9 Mai - 21:55



Danny Weaver
Help, I have done it again
I have been here many times before
Hurt myself again today
And the worst part is there's no one else to blame


nom ☩ Weaver. prénom ☩ Danny. Ce n'est même pas un diminutif de Daniel comme on lui demande souvent, non, c'est bien son prénom. Papa et maman avaient dû juger que Danny, c'était plus mignon que Daniel. âge ☩ Vingt-huit ans, peut-être un peu plus ou un peu moins -le temps est une valeur bien relative. date de naissance ☩ Un certain onze mars. lieu de naissance ☩ Plymouth, petite bourgade au Sud-Ouest de l'Angleterre, près de la mer, petite ville portuaire avec de charmants cottages. Plymouth et sa vue imprenable sur la mer, Plymouth et ses bateaux, Plymouth et les plages froides. statut social ☩ Célibataire, et amoureux, amoureux comme un con parce que Cupidon a raté une de ses cibles, et pire, même ; il a confondu de Weaver, alors dans le doute, il a frappé les deux. ce qu'il faisait avant ☩ Danny, c'est un peu l'allégorie de la déception ; lui, il voulait être magicien, être un grand magicien comme on voit à la télé et qui mettent des paillettes dans les yeux. Mais ce n'était pas possible, c'était pas un métier, alors il s'est mis à réparer des bateaux, faisait de la maintenance, de l'entretien, et il aimait ça, parce qu'il aimait la mer. Et puis, Lew l'a rapatrié à Londres ; pas de magie et plus de bateau. Alors, il travaillait dans un bar, il servait des clients et grattait quelques consos par-ci par-là. arme ☩ Parapluie et anciennement pistolet à la rose. Anciennement, car la perspective de se trimbaler avec ce qui pouvait s'apparenter à une arme à feu le dégoûtait légèrement. Alors, il s'en est débarrassé, il l'a détruite, il n'en voulait pas, il ne voulait plus voir de sang couler. traits de caractère ☩ Calme, patient, discret, méticuleux, précis, perfectionniste, observateur, consciencieux, bosseur, passionné, à l'écoute, serviable, protecteur, loyal, romantique, sincère, doux, imaginatif, rêveur, sensitif, intuitif, intrépide, débrouillard, bricoleur, lunatique, colérique, tempétueux, impulsif, irresponsable, abrupt, casse-cou, inconstant, bordélique, distrait, taciturne, secret, énigmatique, mélancolique, pessimiste, torturé, fragile, sensible, introverti, réservé, sombre. crédits ☩ BABINE.






Les questions du chat


conte-nous ta mort ☩
Première mort.
Décès de Lew. Une partie de Danny y était restée, sans aucun doute.
Deuxième mort.
Décès de Zoe. Et l'autre moitié qui restait, fragile, fébrile et chevrotante, tout ce qu'il y avait encore de vivant en Danny, était partie avec Zoe.
Troisième mort.
Un suicide, un suicide bête et méchant, un suicide comme tant d'autres. Mais de toute façon, j'étais déjà à moitié mort, non ? Tout était vide. Vide de sens. Vide de tout. Plus d'amis. Plus de famille. Plus de rêves. Plus rien, rien que la solitude, la solitude froide et pesante, celle là même qui fait sentir que notre présence est en trop dans ce bas monde. Une bonne raison de vivre est également une bonne raison de mourir. Les raisons, Danny les avait, il n'en avait que trop. Depuis le suicide de Lew, il n'y avait plus de soleil, plus de chaleur, et même plus Zoe. Zoe, Lew, Lew, Zoe. Envolés. Tabassée. Tué. L'enfer, il ne s'atteignait pas dans la mort, non. L'enfer, il est là, tu comprends ? Il est dans ma tête, l'enfer.
Prisonnier dans un corps immonde, insoutenable, innommable, Danny était parti, petit à petit, dans le salon, à l'endroit même où était mort Lew, sur le tapis que Danny n'avait pas eu la force de nettoyer à font lorsqu'on avait récupéré Lew. Ce tapis, il avait vu trop d'horreurs, trop de sang, bien trop de sang. Je suis désolé. Je suis vraiment désolé. Je ne voulais pas que ça arrive. Un simple mot laissé sur la table basse, un mot classique des suicidés. Mais non. Même à l'article de la mort, il ne l'avait pas dit. Il n'avait pas dit : J'ai tué Lew. comme il aurait dû le faire. Il n'avait pas à infliger ça à ses parents.
Il avait suffi d'une boîte d'anti-dépresseurs, d'un couteau, de deux bras dénudés et d'une incision à la verticale. Et c'en était fini, lentement. La liberté, finalement, se trouvait dans la mort.

que penses-tu du pays des merveilles actuel ? ☩
Danny, il ne sait pas vraiment où il se trouve. En fait, il n'a pas envie de le savoir. Parfois, il entend dire qu'il est dans l'esprit d'une fillette. Mais il n'y croit pas trop. Pour lui, c'est le Purgatoire. Ni l'Enfer, ni le Paradis, un simple monde entre les deux, car force est de constater que la vie existe bel et bien après la mort. Cet endroit, parfois, il le terrifie. Il lui file la chair de poule, il lui donne l'impression d'être un petit garçon qui a peur du noir. Mais parfois, il trouve ce lieu magique. Juste magique et merveilleux. Alors, il ne regrette pas sa condition. Au contraire, au lieu de la fin à laquelle il s'attendait, il trouve que c'est un bon compromis, mêlé d'horreurs et de merveilles. Finalement, il aime bien Wonderland, en dépit de la faim qu'il peut y éprouver et des blessures qu'il peut s'infliger. Mieux, même ; il commence à s'y sentir un peu chez lui. Il a quadrillé Wonderland de fond en comble, et sait pertinemment quels sont les lieux à éviter et ceux qui sont bons pour sa santé mentale. Alors, du coup, le Pays des Merveilles, il l'aime, malgré les frayeurs qu'il peut lui causer.

et sinon, tu dois bien avoir un endroit préféré en ce lieu, non ? ☩ La route des Pleureuses, sans aucun doute. Ou la Rivière Sanglot, allez savoir. Souvent, Danny oscille entre ces deux endroits, si tristes mais si paisibles. Quoi qu'il en soit, ils peuvent à eux deux lui apporter une certaine sérénité et un certain calme. En effet, ce ne sont certainement pas les endroits ni les plus bruyants ni les plus mouvementés du pays des merveilles. Disons que Danny aime se retrouver complètement seul depuis son arrivée ici. Ces lieux paisibles la plupart du temps lui permettent de réfléchir, et sans cesse, il ressasse les mêmes pensées dans son crâne, les mêmes personnes lui revenant bien trop souvent en tête. Et puis, la présence d'un point d'eau permet de, en quelque sorte, rassurer Danny. La mer, il la connaissait comme sa poche, alors il se dit que le pays des merveilles ne doit pas être si différent de la réalité... Au moins, la sensation qu'il éprouve auprès des vastes étendues d'eau est toujours identique ; Danny se repaît du clapotis de l'eau, apprécie les brises de vent qui vont de paire avec elle, et surtout, tout cela lui permet, lorsqu'il ferme les paupières, de penser à sa vie d'avant, celle qui était tellement éloignée de tout problème qu'elle semblait paradisiaque.



Les détails du lièvre


Danny, c'est un sportif. Depuis petit, il faisait du rugby dans un petit club de Plymouth, et n'a pas cessé de le pratiquer jusqu'à sa mort. Au moins, le rugby avait le mérite de le défouler, de le détendre, de suspendre le cours de sa pensée. Et même s'il se cassait quantité d'os, il a toujours continué. Il ne s'estime pas comme étant un bon joueur, mais au moins, les gens ne venaient pas le faire chier dans la rue. Ça en impose, un rugbyman. ll garde toujours sur lui une bague, une bague unique et magnifique, le plus beau cadeau qu'il n'ait jamais reçu, et ce depuis ses dix-huit ans. C'est à ce jour l'objet le plus précieux qu'il possède, et il ne conçoit même pas de la perdre. En fait, cette bague, c'est son passé, c'est tout ce qui a pu lui arriver de bien. C'était cette personne en lui qui souriait et qui ne connaissait rien à la vie, qui pensait que tout est éternel et immuable, en oubliant que le temps fait quelques ravages. Cette bague, cet objet, c'est ça. Désormais, ayant maigri, il la porte autour du cou. Près du cœur. Il a toujours détesté la lecture. Lire des bouquins, ça l'endormait, il n'a jamais compris quel plaisir on pouvait y trouver. Lui, il ne perdait pas son temps assis sur une chaise, il allait courir, il allait dehors, il allait respirer. Il n'a jamais été un de ces rats de bibliothèque, mais bizarrement, depuis son arrivée à Wonderland, il donnerait cher pour avoir ne serait-ce qu'un annuaire à lire. Juste histoire de penser à autre chose que sa condition merdique. Il ne raconte jamais à personne les véritables circonstances de sa mort. Lorsqu'on lui demande comment il est arrivé ici, il ne dit jamais à personne qu'il s'agit d'un suicide. En fait, il a même monté un petit scénario imaginaire qu'il déballe à ceux qui lui posent la question ; un soir, en rentrant chez lui, un inconscient a grillé le feu rouge, et hop, la voiture de Danny s'est retrouvée emboutie. Mais surtout, lui, il dit qu'il n'a pas passé la nuit et n'a pas survécu plus de quelques heures à l'hôpital. Pire, même, il a pensé à tout dans les moindres détails. Il dira toujours que l'accident présumé s'est déroulé à dix-neuf heures trente-huit sur Queen Victoria Street, et que l'heure du décès véritable ainsi que le lieu lui sont inconnus, dans la mesure où il n'était plus pleinement conscient. Danny a toujours aimé bricoler. Il est quelqu'un de véritablement manuel, et s'est intéressé dès tout petit au fonctionnement des choses. En fait, il adorait monter et démonter toutes sortes d'objets, et aime au plus haut point la mécanique des horloges, qu'il trouve fabuleuse, sans pourtant parvenir à la saisir dans son entièreté, à son plus grand regret. Etant petit, même, il s'amusait beaucoup sur les maquettes, et en construisait très souvent, pour ne pas dire tous les jours. Il pouvait s'asseoir des heures entières à son bureau pour monter des modèles réduits à la perfection, de bateaux principalement, et pendant des heures, il peaufinait le moindre détail afin d'arriver au réalise le plus parfait. Il s'est toujours, depuis tout petit, senti en retrait par rapport à son frère. Il ne s'agit pas d'égoïsme ou d'égocentrisme, loin de là, mais c'est l'impression qu'il a depuis longtemps. Déjà, lorsqu'ils étaient gamins, tout le monde se préoccupait de Lew et de ses maladies presque chroniques. En grandissant, c'était sur Lew et ses bonnes notes qu'on s'attardait, alors que Danny n'avait pas fait d'études. Et puis, une fois Lew parti, on ne regardait que lui, lui qui s'était débrouillé pour aller à Londres. On ne peut pas considérer ce sentiment comme de la jalousie, néanmoins, il n'en reste que Danny s'est toujours senti défavorisé, oublié, même. Il n'a réellement pas besoin du contact avec autrui pour s'épanouir. Certes, Danny ne crache pas forcément sur de la compagnie, toutefois, il peut sans problème se passer de contact. En fait, même, de sa vie, il n'a eu que très peu d'amis ; pour cause, il peut sembler quelque peu froid et difficile à approcher. Pourtant, il n'en est rien, et peut faire preuve d'une grande loyauté une fois son amitié gagnée. La chose peut s'avérer être certes, quelque peu ardue, et pour cause ; Danny n'aime pas s'attacher, ni trop parler et encore moins se confier. Danny, il sait frapper, et il frappe bien. Plusieurs fois, il s'est déjà battu, et ne perdait pas souvent les batailles. Pour cause, alors qu'il était gamin, il lui arrivait régulièrement de revenir chez lui un peu ensanglanté ou avec une quantité astronomique d’hématomes. Disons que la perspective de taper sur quelqu'un ne lui a jamais fait plus peur que ça, néanmoins, il n'est jamais le premier à provoquer autrui, trop perdu dans ses contemplations et dans ses rêveries. Cependant, ceux qui le cherchent arrivent sans problème à le trouver, et ne recommencent en général pas de sitôt. Danny a toujours aimé la nature. En fait, on ne peut même plus compter les heures où, le dos dans l'herbe, il s'amusait à détailler toutes les formes présentes dans les nuages et à compter les étoiles afin de s'en faire des cartes astronomiques mentales. Pour ainsi dire, il est amoureux de la nature, de ses merveilles et de ses ravages. De son vivant, il a même eu une bonne grosse période de végétarisme jusqu'à sa mort, et dispose d'un très bon feeling avec les animaux. Néanmoins, s'il se désole bien d'une petite chose à Wonderland, c'est de devoir à nouveau manger de la viande, alors il évite autant que possible, sauf que parfois, il n'a pas la choix. Au moins, la nature particulière de l'endroit arrive à compenser un peu. Danny n'a jamais été particulièrement cultivé. A l'école, il se contentait toujours du minimum syndical -et encore-. Il n'a jamais aimé les musées, les expositions, la lecture, n'est pas friand d'art et est plutôt inculte quand on lui parle d'un bouquin ou d'un film, encore plus d'une toile de maître. Oh, bien sûr, il apprécie de loin, mais de lui même, il ne cherche jamais à en savoir plus. Oui, il aime aller au cinéma, mais n'a pas vu énormément de films, il connait rapidement quelques groupes de rock assez culte mais pas un seul compositeur romantique, et ne parlons pas de poésie, quoiqu'il s'était essayé un temps à l'écriture de quelques vers. Enfin, pour lui, ces soucis ne sont plus, car ils sont loin d'être sa préoccupation principale au pays des merveilles.





Dernière édition par Danny Weaver le Lun 30 Juin - 13:09, édité 17 fois
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✢ DENTS PERDUES : 1174
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✢ PSEUDO : radioactive fish
✢ AVATAR : heath ledger
✢ CREDITS : sugar slaughter, wild hunger
✢ AGE DU PERSONNAGE : vingt huit ans, vingt-huit, joli nombre s'il s'en faut, vie trop courte s'il en est
✢ JE SUIS : une chenille avec une chicha, paye les conseils et fumée gratos
✢ DANS TES POCHES : couverture en plumes de jubjubs, lanterne lucioles (encore 15), potions répare-tout (6), somnicakes (6), et un fragment d'une dent du morse dont les propriétés lui sont encore inconnues -elle a au moins le mérite d'être un peu classe-
✢ TA VIE : 54/100
✢ ANCIEN METIER : barman, l'ironie de l'alcoolisme
✢ LOCALISATION : crypte de la chenille, tant qu'à faire, à ruminer dans un coin, ou pourquoi pas à la rivière sanglot, c'est selon l'humeur
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MessageSujet: Re: lost myself and I am nowhere to be found ► DAN   lost myself and I am nowhere to be found ► DAN EmptyVen 9 Mai - 21:55



Tes mots ; élévation
J’aime penser que la lune est là même si je ne la regarde pas.




La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.

J'
aime à penser que Danny a eu trois amours, dans sa vie.

Au début, il y avait la mer. La mer, belle est dangereuse, froide et chaleureuse, une mer réconfortante et bienveillante pour la personne qu'était Danny. Il s'en allait souvent près de la plage, je m'en souviens comme si c'était hier. Déjà tout petit, il filait près de la Manche, on ne savait trop pourquoi. Tout seul, il pouvait y passer des journées, sans rien dire à personne, sans une seule distraction. Je crois que la mer, à elle seule, lui suffisait. Elle était son refuge, elle était son havre, il s'y sentait bien. Je suppose qu'il lui parlait, de temps à autres. Il lui récitait des poèmes, peut-être, ceux-là même qu'il apprenait à l'école. Parfois, d'ailleurs, il n'y allait pas, et on l'y retrouvait là-bas. Il fuyait, il s'isolait, personne n'en savait vraiment rien. Lorsqu'il revenait à la maison, il sentait l'iode, il avait les cheveux emmêlés par les bourrasques marines, il avait du sable sous les ongles, les vêtements mouillés et il était heureux. Simplement heureux, un énigmatique sourire pendu aux lèvres. Dans sa chambre, on trouvait des coquillages sur les étagères, des maquettes des plus grands navires, des cartes accrochées aux murs, et son grand-père, un jour, lui avait même donné une boussole, une boussole vieille comme le monde qui peinait à indiquer le nord, mais qui n'y manquait jamais. Et puis, le soir, il s'étendait sur son lit, et dans ces moments, j'ai toujours su qu'il rêvait à la mer, songeait à des bateaux, des tempêtes, des caravelles et à des histoires fantastiques. Il était doux, toujours, et même lorsqu'on le réprimandait, il haussait simplement les épaules en faisant la moue. Et on ne lui en voulait pas, jamais, comment aurait-on pu lui en vouloir ? Je m'en souviens, il n'avait pas énormément d'amis. C'était peut-être pour ça qu'on ne lui disait rien. On le voyait solitaire, sans accroche et sans sentiments, fasciné par la puissance des vagues et leur remous. On le laissait faire, finalement, même s'il n'allait pas à l'école. A quoi bon l'enfermer ? On n'enferme pas les oiseaux à moins d'être cruel.
Danny, c'était ce courant d'air, libre comme un souffle d'air. Il était insaisissable, toujours à filer comme une flèche qu'on tire au loin. Mais il était fort, Danny, il était sportif, il se préparait en secret, je le savais, à sa future expédition marine. Il ne se laissait pas faire, il cassait la figure des gens qui l'embêtaient, il se prenait des beignes, revenait ensanglanté et ne bronchait pas. Personne, absolument personne ne pouvait le toucher.
On ne peut pas attraper le vent. Rien ni personne ne pouvait y faire quoi que ce soit. Sauf peut-être Lew, cet enfant touchant, fragile et maladif, cet enfant pour lequel, je le sais bien, Danny aurait tué n'importe qui.

Et puis, Danny tomba une nouvelle fois amoureux. Cette fois-ci, c'était de la magie. Il rêvait, il rêvait sans cesse, et continuait à se faire rêver avec quelques tours. Il en apprenait continuellement, et plus d'une fois il s'enfermait sans sa chambre, coincé entre les coquillages et les cartes, jusqu'à réussi le tour, ce tour en particulier qui allait illuminer les prunelles de Lew, qui devait toujours assister en bon public aux essais de son aîné. Il jouait avec des cartes aussi bien que sa mère jouait du piano.
Plus que tout, c'était le regard du spectateur qui l'attirait. Finalement, l'observateur, c'était lui. L'observateur de réaction. L'intérêt, la surprise, le désarroi, le sourire, les sourcils froncés, les paillettes, la joie, et l'admiration, même. Le sentiment d'être exceptionnel, d'être grand, d'être quelqu'un de bien. Au fond, c'était peut-être ça qui l'avait poussé à apprendre tous ces tours. Rien d'autre que le regard d'autrui, le fascinant regard d'émotions entrecroisées et indicibles, le regard qui s'illumine pour un jeu truqué.
Danny voulait en faire son métier, il me l'avait dit plus d'une fois. Et, parfois, j'entendais des adultes lui répondre que ça n'était pas possible. A chaque fois que j'étais témoin d'un tel spectacle, je sentais mon cœur se fendre pour lui. Pour Danny, qui laissait quelques fois ses rêves se faire piétiner. Il les offrait à quelqu'un, et on lui rendait déchirés, détruits. Probablement était-ce sa première peine d'amour. Mais peu lui importait. Danny avait cette faculté exceptionnelle de soigner ses blessures en un rien de temps. Je suppose qu'en grandissant, celle-ci s'est amoindrie, néanmoins, il n'était pas du genre à pleurer pour si peu. Après tout, il avait le meilleur public qu'il n'aurait jamais pu avoir ; sa famille. C'était tout ce qui importait.

Enfin, Danny vécut un troisième amour, plus fort encore que les deux autres, un amour qui lui fit renoncer à tout ce qu'il possédait. Zoe Walker.







J'
aurais parié que Danny aurait fait n'importe quoi pour son frère. En fait, même, je le savais, je le savais dans mes tripes, c'était évident. Et le moment était venu d'agir en grand frère responsable pour Danny. « Descends ! » Il avait dix-huit ans, et il venait de balancer un caillou contre la fenêtre de la chambre de son frère. La nuit était lentement en train de draper la ville portuaire de son manteau noir, c'était l'heure idéale. Personne n'allait les déranger, les parents devaient à coup sûr être en train de regarder la télé ou de s'occuper comme ils le pouvaient. La fenêtre s'ouvrit sur la tête de Lew, l'air interloqué, et peut-être même quelque peu fatigué. Danny le dérangeait sûrement en pleine séance de révision... Encore. Résolument, son frère ne savait pas s'amuser. « ... Je savais pas que le caillou remplaçait la sonnette, c'une nouvelle mode ? » Froncement de sourcils. Les choses n'allaient pas être si simples. En grand rat de bibliothèque, faire faire des conneries à ce gamin n'était pas chose aisée. « Y s'passe quoi ? » Danny soupira à cause de ce ton méfiant. Il ne se passerait rien de spécial si cette andouille ne le faisait pas repérer. Il s'agissait d'une mission spéciale et secrète, et si cet idiot faisait tout foirer, là, les choses auraient été beaucoup moins drôles. Il leva les yeux au ciel et pressa son frère. Après tout, on ne discute pas les ordres de l'aîné. « Mais tais-toi ! Descends, je te dis. Discrètement. » A ce moment précis, je sais que si Danny avait possédé une once de méchanceté, il aurait balancé un second caillou en plein dans la tronche de Lew, en plein milieu du front, juste histoire de lui remettre les idées en place ; le bougre prenait un air moqueur. « Discrètement ? T'es sérieux ? On dirait un ganster, t'as butté quelqu'un c'est ça ? » Second soupir de la part de Danny. Le petit commençait à l'emmerder. « Roh ça va, tire pas cette tronche. » Immédiatement, probablement en prenant conscience de l'urgence de la situation, les frisettes se rétractèrent. Parfait. Lew descendait, et c'était tant mieux. Il allait enfin goûter à la vraie vie, pas celle qui était couchée sur papier, non. Celle que l'on vivait. Parfois, cette nuance semblait lui échapper. A son âge, Danny fumait des clopes et buvait des bières en douce et avait déjà volé un scooter avec quelques potes -avant de se faire cramer lamentablement mais c'était une autre histoire-. La chose la plus extrême que Lew avait faite, c'était probablement ce soir, à savoir sortir de la maison sans prévenir qui que ce soit. Peut-être était-ce dû à son passé maladif, allez savoir. Un sourire se dessina sur le visage de Danny. Lew arrivait. « J'espère pour toi que personne t'as grillé, parce que maintenant t'es complice. » Son sourire s'élargit de plus belle. Pour peu, il serait presque devenu carnassier. « En tant qu’aîné, il est de mon devoir de forger ton éducation. » Et ça, Danny le prenait très à cœur, évidemment. « Tu vois ceci, mon frère ? Tu vas bien aimer. Roulé avec amour. » L'adolescent dégaina un joint et le montra fièrement à son frère, qui, par ailleurs, commençait à tirer une sale tête, écarquillant les yeux de plus en plus. Ce genre de produits, Dan en avait l'habitude. Oh, il n'en consommait pas tous les jours, mais disons que c'était régulier. Un de temps en temps, "pour entretenir le moral", avait-il l'habitude de me dire. Celui de Lew, en revanche, ne semblait pas à ce moment aussi bon ; il croisa les bras sur sa poitrine, manifestement peu à son aise. Ce n'était plus lui qui riait, maintenant. « Et t'as foutu quoi dedans ? » Parfois, Lew était très futé. « Puis HEY, tu parles d'une éducation, tu veux m'pervertir ouais, suppôt de satan. » « Eh ben dis donc, pour un génie, t'es pas très perspicace. T'as jamais vu cette petite plante verte dans tes bouquins ? » Danny ne put réprimer un éclat de rire. Non, vraiment, Lew était si mignon, tout prude et tout innocent, que le moindre petit gramme d'herbe faisait flipper. Alors, il alluma le joint, et dans un geste d'une générosité sans borne, le tendit à son frère, fièrement. « Tiens mon frère, teste, ça va t'aider vachement pour tes révisions. » Si Danny n'avait pas été son frère, nul doute qu'il aurait explosé de rire devant la tête de Lew, je le sais. Si jeune qu'un petit voyage le rendait vert. « Ah, ah, ah. Tu t'es tapé un clown ce matin ? » Non, une pote de longue date, même pas si drôle que ça, de surcroît. Le genre de fille absolument plate et sans personnalité aucune, mais agréable à la discussion. Enfin. La tête de Lew valait le coup d’œil. A n'en pas douter, il aurait eu la même expression si son frère lui avait proposé tout à fait sérieusement de manger gaiement des limaces avec lui. « Et si j'fais une syncope à cause de ça ? » Danny soupira, et pris une expression faussement déçue. Bon, il n'était pas comédien non plus. « Ok, je te force pas. T'as le droit d'être une fiotte. Allez, retourne dans tes bouquins, va, fillette. » Bingo. Ego blessé. L'air outré de Lew était purement délectable, un régal pour les yeux. Cet air lui seyait à merveille, l'air même de quelqu'un résigné qui doit prouver quelque chose à quelqu'un d'autre. D'un coup sec, il attrapa le pétard. « Va t'faire voir, si t'es pas content, c'pareil. » Lew soupira, et approcha l'objet incandescent de ses lèvres. «  Et j'te préviens, si par inadvertance, j'supporte pas ta connerie et que j'vomis, ce sera pour ta tronche, j'te courrais après s'il faut. » Danny sourit. Bien sûr. « Pour me gerber dessus, faudrait que tu m'attrapes, et j'crois pas qu'un jour tu courras plus vite que moi, toujours dans tes bouquins, p'tit con. Maintenant, arrête de râler et amuse-toi, pour changer. » Ce moment, je sais que Danny s'en souvient encore. D'un coup, Lew tira sur le joint, et inhala une bonne quantité de fumée. Je crois pouvoir dire que ses poumons, non habitués à la fumée, crièrent au secours dans un hurlement de désespoir et d'agonie. Lew toussa, s'étouffa, grimaça. Danny gloussa, ria, se moqua. Puis, le petit frère s'assit dans l'herbe, en tailleur. « C'est dégueulasse, et franchement, FRANCHEMENT DANNY, tu devrais avoir carrément honte. » Honte, mais ce qui n'empêchait pas Lew d'arrêter de tirer sur le pétard. Et puis, s'il s'énervait, c'était tant mieux ; pour peu que les parents rappliquent, c'était Lew qui l'avait dans la main. Il pourrait dire ce qu'il voulait pour sa défense, au moins, il serait prit sur le fait. De quoi dévergonder un peu l'enfant sage. Les yeux de Danny s'illuminèrent en voyant son frère, pour une fois, oser braver les interdits. « Tu vois ? Relax. C'est pas mal, c'est rien Lew, tu t'en remettras. » Danny s'assit à son côté. « C'est cool que tu sois descendu. » Puis, il baissa légèrement la tête et esquissa un pauvre sourire. C'était le moment, le moment des confidences, le moment de renouer des liens étiolés par le temps, le moment d'aimer comme un fou un être si cher. On restera toujours ensemble, hein ? « J'ai l'impression qu'on se voit moins depuis que j'bosse. Tu me manques un peu, espèce de con. » Depuis un an, Danny réparait des bateaux. Il m'avait dit plus d'une fois qu'il aimait son travail, qu'il aimait la mer plus que jamais. Mais il ne me disait pas que son déménagement le rendait si mélancolique, parfois même triste. Il devenait plus songeur, plus renfermé. Enfin, il n'avait pas besoin de me le dire, je le remarquais bien. Sans Lew, c'était vide. C'était tout ce qu'il y avait à comprendre. Comme une part de lui qui s'était éloignée, qui partait petit à petit. Lew expira de la fumée, pensif, et soupira. Il pencha la tête sur côté et rit en coin. Une autre expression qui le seyait à merveille, sans aucun doute. « Oh, c'est que maintenant que tu remarques ça ? » Songeur, il haussa les sourcils et joua avec ses doigts. « J'osais pas t'le dire, sais pas pourquoi... » Il leva les épaules, dépité. « C'est vide dans la baraque, bon, certes, j'pourrais m'inventer un frère imaginaire à la rigueur, j'l'appellerais... Sherlock, c'est classe. Mais, c'pas pareil, y'a personne qui peut imiter ton grognement de gorille. » Et cet abruti se marrait. Grognement de gorille, oui oui. Danny redressa la tête, cessa d'arracher des brins d'herbe comme il l'avait fait, puis inspira longuement et regarda son frère avec ce même pauvre sourire qui ne l'avait pas quitté. Comme si de rien n'était. Comme si rien n'avait été dit. Mais tout restait en tête. « Tu tiens le coup, pas de vomi à l'horizon ? » « Nan ça va mon estomac s'porte bien, faut croire que j'pourrais pas partager avec toi la fameuse bouillasse de maman. »
Finalement, la vie était belle.







I
l était parti. Parti pour Londres, parti pour ses études, parti pour vivre sa vie... Mais parti quand même, laissant derrière lui une plaie béante qui ne se refermait pas. Oh, bien sûr, dans le fond, la vie n'était si différente. Elle suivait toujours son cours, simple et sereine. Mais sans Lew, qu'est-ce que ça valait ? Le petit frère s'était taillé, et après ? Après, le vide. Le désert. Plus rien. Il grandissait, il étudiait, mais surtout, il avait de l'ambition. Il aurait pu être premier partout, premier de sa licence, premier dans n'importe quel concours... Et n'était plus le premier à rentrer à la maison. La maison, ça ne voulait plus rien dire. Non, résolument, la vie était différente. Danny se sentait égoïste de penser ça mais... Il se sentait abandonné pour du prestige. Il se sentait un peu comme une parenthèse dans la vie de son frère, quelque chose qu'on suspend dans l'air, mais dont on peut très bien se passer dans une phrase. Je sais que ces temps ne furent pas aisés pour lui. C'était bien simple, tout ce qu'il possédait était à Plymouth. Et la seule chose qui lui manquait, c'était Lew. Lew et ses bouquins.
Le soir, tout avait pris l'habitude d'être plat. Plat, morne, monotone, sans aucun relief. Mais pas ce soir là. Pour peu, je sais que Danny aurait fait une crise cardiaque en rentrant chez lui. Lew était assis sur un fauteuil du salon, l'air de rien, ou plutôt, ayant l'air des méchants dans les films de James Bond, ceux là même avec le persan sur les genoux. Il souriait, manifestement content d'être... Entré par effraction. Certes, la vieille bicoque de Danny était loin de la forteresse impénétrable, mais enfin, il y avait un minimum de respect à avoir pour les aînés. « MAIS TU FAIS QUOI LA ? T'ES RENTRÉ COMMENT ? » A priori, la perspective de se faire engueuler ne l'embêtait pas plus que cela. Soit. De toute manière, Danny était bien incapable de s'énerver véritablement sur Lew. Et puis, si Danny était chez lui, Lew l'était aussi. « C'est comme ça que tu dis bonjour maintenant ? Bah mon vieux, j'm'attendais au tapis rouge. » Danny sourit, d'un sourire sincère et amusé, un sourire comme, je le sais, il n'en avait pas fait depuis déjà bien trop longtemps, trop heureux de revoir en ce moment même son frère, son petit frère, son petit frère qui lui manquait trop depuis son départ pour Londres. « Au tapis rouge, ouais... T'es quand même rentré par effraction. Et si j'avais été en train de baiser ? » Il rigola, encore une fois comme il n'avait pas rigolé depuis longtemps. S'en suivit un court silence. Du silence qui n'était pas gênant, plutôt du silence qui présageait des belles choses. « Allez, viens là. » Danny ouvrit les bras à son frère, profitant de cet instant au maximum. Il était bon de revoir Lew et ses rêves, Lew et l'ambition, Lew et sa petite tête. Il avait changé, physiquement. Il avait grandi, trop grandi, et maintenant, Danny avait l'impression d'avoir affaire à un homme, presque. Sauf que cet homme le serrait trop fort dans ses bras pour Danny perde de vue qu'il était son petit frère avant toute chose. « Wow, j'préfère pas imaginer, j'tiens à garder mon innocence légendaire. » Mais bien sûr. Lew, avec sa belle gueule et ses bonnes notes, innocent ? On entendait vraiment de tout, de nos jours, mais personne n'était dupe. « Même si t'es naze en grandes retrouvailles, t'm'as manqué puis... Pour c'qui est de l'effraction, Londres m'a fait prendre la grosse tête, que veux-tu ? Faut qu'j'en fasse trop, et surtout faut qu'tu penses à mieux fermer la porte quand tu t'barres. » Lew et Londres. La grosse tête, à présent. De mieux en mieux. Danny eut un pauvre sourire. « J'suis pas naze en retrouvailles, mais tu viens de crocheter ma serrure, donc c'est toi le pire. Même pas un coup de fil, tu crains. Et prends pas trop la grosse tête sinon je vais avoir vite fait de te l'exploser contre le mur. » Et sa tête pleine de frisettes aurait explosé comme une pastèque. Mais ça, c'était hors de question. De toute façon, c'était simple ; le premier qui touchait à Lew, Danny lui cassait méchamment la figure, il l'envoyait à l'hôpital et tout le bordel. Personne ne touchait au petit frère sans rencontrer le grand par la suite, personne. En plus, Danny, il savait cogner. Il s'était toujours pris des beignes et en avait redistribué tout autant. « Et c'est pas pour ce qu'il y a à voler ici, tu sais. » Danny n'avait jamais eu un attrait pour l'intérieur ; il était un homme qui vivait à l'extérieur. Alors, sa maison, il s'en foutait. Il bricolait toujours quand il fallait faire des réparations, histoire que le toit ne s'écoule pas sur sa tête, mais de manière générale, son aspect, il s'en foutait. Il n'y avait pas grand chose dedans, du moins rien qui puisse se revendre, encore moins à un prix correct. Puis Danny se dirigea vers la cuisine. « Je te sers une bière ? Ou monsieur préfère du thé ? Ou autre chose. » Lew le suivit dans la cuisine, et rigola. D'accord, elle était un peu crade aux premiers abords. Mais Dan, faire la vaisselle, ce n'était pas son truc. Laver des casseroles, nettoyer des plaques de cuisson... Danny savait à peine faire cuire des pâtes, alors quand il renversait un truc, c'était souvent pour plus tard. En général, il tournait aux plats déjà cuisinés, alors ça ne faisait pas trop de vaisselle. « Bah, c'que tu veux, j'prends tout. Dis-donc, tu t'laisses aller Danny, c'est pas digne de toi un tel foutoir. » Dan regarda Lew droit dans les yeux en souriant. « Mon foutoir t'emmerde. » Puis, il saisit deux bières dans le frigo et retourna au salon. Il s'affala sur un fauteuil. Le moment était venu de se comporter comme des adultes, d'avoir une discussion comme les vieux qui ne se sont pas vus depuis longtemps. C'était le prix de l'âge. « Tu deviens quoi, alors, encore premier ou tu t'es fait dépasser par quelqu'un dans ta promo ? » Ouais, ta promo, ta magnifique promo qui justifie que tu m'abandonnes. « J'deviens, j'deviens... Je sais pas c'que je deviens, mais je deviens, ça c'est sûr. J'suis pas mauvais, j'suis pas encore dans le top trois mais j'y approche doucement, j'fais comme je peux, sans m'tuer à la tâche. » Danny se redressa de son fauteuil, et fronça les sourcils, se penchant vers Lew. Manifestement, le gamin avait encore une fois tout compris de travers. Sa position dans le classement, on s'en foutait, c'était pas l'important. Pourquoi devenir quelque chose sans savoir quoi ? Il était là, le vrai problème. Mieux valait lui dire tout de suite avant qu'il n'aille faire des conneries de retour à Londres. « Petit, j'vais te dire ; c'est dangereux de devenir quelque chose dont tu connais pas la forme finale. C'est pas parce que maintenant t'arrives à t'faire pousser trois poils de barbe que t'as le droit de faire n'importe quoi. Réfléchis. Compris ? » Puis Danny se redressa, l'air de rien, souriant comme s'il ne lui avait jamais fait la morale. « Je te veux dans le top 3 la prochaine fois que tu repasseras ici. » Lew hocha la tête. « Oui chef. » Bien. Il n'en restait pas moins ouvert aux conseils. Comme quoi Danny était encore plus fort que Londres. Puis Lew croisa les bras. « Et toi alors ? L'sel de mer a l'air de t'faire que du bien. » Danny sourit pauvrement. Il ne devenait pas grand chose. Devenir quoi ? Il n'avait rien à devenir. Plus de rêves, plus de frère, plus rien. Il hocha les épaules. « Tu parles du sel de mer, c'est pas... Enfin j'fais rien comme toi, y'a pas grand chose qui change dans ma vie, tu sais. Mon taffe, je l'ai depuis longtemps et il ne changera pas. C'est comme ça. » Il contempla sa bouteille de bière, silencieux, faisant tournoyer le liquide dans son contenant. Il en devenait mélancolique, tout d'un coup. Lew, il était en devenir. Il progressait, il étudiait, et tout le monde attendait impatiemment qu'il devienne avocat pour de bon, avec des notes incroyables. On n'attendait rien de Danny. Et ça l'attristait, je le sais. Il ne disait rien et était content pour lui, mais il restait toujours cette part mélancolique en lui, qui se comparait au petit frère et qui n'était pas fière. « C'était... C'était plus vivant avec toi ici. J'm'en sens trop seul, j'crois que j'vais prendre un chien. » Quand on traînait toujours ensemble, quand on était comme les doigts de la main, quand tout le monde n'avait pas les yeux braqués sur toi, jeune prodigue. Quand j'étais ton grand-frère et que je me comportais en tant que tel. Quand je croupissais pas dans une vieille bicoque pendant que tu t'amusais à Londres. Lew fronça les sourcils et s'approcha de Danny, le tirant de sa rêverie maussade, un rictus pendu aux lèvres. « Un chien ? C'est pas l'cabot du coin qui va avoir l'art et la manière de t'faire tourner en bourrique. » Oh, ça dépend. Danny n'aimait pas trop les petits chiens. J'en suis sûr, les petits chiens, ça l'aurait fait tourner en bourrique. Et puis, Lew se passa une main dans la nuque, probablement un peu agité ou tracassé. « Puis... J'comprends même pas pourquoi tu t'prends la tête, y'a une solution beaucoup plus simple, Danny. » Dan leva les yeux vers son frère, les sourcils légèrement froncés. Non, il n'allait pas... Ce n'était pas possible. Autant jouer la carte de l'innocence, histoire de ne pas lui donner de mauvaises idées, juste au cas où. « Quoi donc ? » La réponse ne se fit pas attendre longtemps, implacable. Non, non, ce n'était pas judicieux. « Oh, tout simple, j'te donne un coup d'pied au cul pour te sortir de cette foutue baraque et j't'emmène avec moi à Londres, comme ça t'es pas obligé d'te ruiner pour un animal. Mêler l'utile à l'agréable tu vois ? » Lew avait un tel sourire, un tel espoir que ça en faisait mal à Danny, qui paniquait un peu dans son coin. Non, ce n'était pas possible, non, non, non, il n'était pas fait pour la vie londonienne, non, il était mécano dans la marine, lui, il n'était pas peintre, ou comptable, ou rien du tout. Juste un mécano qui avait tout ce qu'il aimait ici... A l'exception du frère. Encore une fois, Danny baissa les yeux. Il ne voulait pas voir la déception sur les yeux de son frère. « Lew... Lew, non, j'peux pas. J'ai... J'ai tout ici. Mon travail, y'a les parents, les amis... J'ai aucune qualification pour travailler en ville, j'bosse sur des bateaux, Lew ! Tu veux quoi, que je me bouffe les bateaux mouches de la Tamise, c'est ça ? Je... J'peux pas vivre à ton crochet, Lew, je... J'ai rien, là bas, sauf toi. » Le visage de Lew se décomposa petit à petit. Manifestement, la réponse de Danny n'était pas celle attendue. « La famille, t'sais j'pense pas que papa et maman vont t'en vouloir de voir d'autres horizons, les potes... Tu peux toujours t'en faire là-bas, j'te jure. » Danny releva les yeux vers son frère. On était loin des éclats de rire. Lew soupira, et se mordilla la lèvre. « Y'a beaucoup d'possibilités là-bas, tu sais ? Alors ouais, t'es p'tête seulement habitué aux bateaux, mais... Nom d'un chien Danny, même à toi ça t'ferait du bien j'en suis convaincu, faut qu't'ouvres un peu plus les yeux. Et j'vais pas t'mentir, ça m'gave de t'voir p'tête trois fois dans l'année. J'te supplierais pas, tu l'sais, mais... J'aimerais vraiment, vraiment qu'tu viennes, qu'on puisse juste revivre quelques trucs avant qu'on s'perde définitivement de vue. Parce que c'est ça qui m'fait flipper, qu'en fin de compte, au bout d'un an ou deux, y'ait plus rien, que nos chemins s'croisent plus jusqu'à nos enterrements respectifs. » Lew ria. Pourtant, je sais qu'il était à ce moment difficile à Danny de l'admettre mais... Tout était vrai dans les propos de Lew. Tout. Il lui manquait horriblement. Et, c'était un fait, ils s'éloignaient. C'était pour cette raison même, d'ailleurs, que Danny avait pris soin de garder toujours chez lui quelques bouteilles, les seules choses qui pouvaient lui donner un peu le sourire dans les soirées les plus difficiles. Enfin, Lew riva ses yeux sur ceux de Danny. « J'ai b'soin de toi. » Je crois pourvoir dire que si le cœur de Danny avait été un bout de cristal, il aurait explosé sans sa poitrine en mille morceaux tranchants et acérés, qui lui auraient causé des lésions monumentales, des plaies et cicatrices folles. Mais son cœur n'était qu'un muscle et n'avait pas explosé, les organes se portaient bien. C'était dans le mental qu'avait eu lieu l'explosion. Cinq mots, et un mental détruit. Danny porta une main devant sa bouche. « Je... Lew je... » J'en meurs d'envie. T'es ce que j'ai de meilleur au monde. J'ai besoin de toi comme toi de moi. T'as mon sang, t'as ma chair, et surtout, t'as mon cœur tout entier, foutu con. Mais j'ai tout, ici. J'ai la mer, j'ai des amis, j'ai des amours... J'peux pas tout quitter. Même si je le voudrais bien, parce que t'es plus là. « C'est pour ça que t'es là, en fin de compte ? Sache que si c'est ça, t'es une belle ordure. J'vais devoir tout recommencer et... » Arrête de te chercher des excuses. Assume. Ça sert à rien de dire ça, t'attends depuis le début qu'il te le propose. Il y a deux tragédies dans la vie ; ne pas avoir ce que l'on veut, et avoir ce que l'on veut. Danny haussa les épaules. « Peut-être que c'est pas si terrible. Je... ECOUTE, OK. » Eh ben enfin. Danny se leva d'un coup, et cria à moitié, presque énervé de sa décision. « Laisse-moi une semaine pour faire mes cartons. Mais je te préviens, je te préviens que si ça marche pas, ce sera pas la peine de me jouer la carte des sentiments, je reviens ici direct. » Au moins, c'était dit. Et vu le sourire de Lew, ces conditions ne le gênaient pas. Pour ainsi dire, je crois que Danny ne l'avait jamais vu si heureux. « Juré, tu pourras même me casser les dents et t'en faire un collier si tu veux. »
C'est de cette façon que Danny renonça à son premier amour, pour l'amour fraternel.






L
e plus dur, ça avait été de faire les cartons, de vider les étagères et les placards. Chaque objet avait une histoire, une symbolique, lui rappelait des souvenirs, et à chaque coquillage qu'il fourrait dans une boîte, c'était un genre d'adieu qu'il faisait. La bicoque vide allait lui manquer terriblement, et voir la maison à nu, presque fantomatique, ça déclenchait en Danny des vagues de de mélancolie intenses. La dernière fois que Dan ferma la porte de chez lui, une douce tristesse s'empara de lui alors qu'il laissait derrière lui une bonne partie de sa vie et qu'il abandonnait la maison pittoresque, l'air marin et l'odeur de l'iode. Et puis, il était allé faire son ultime adieu à la mer. Il était resté pendant, peut-être, une demi-heure devant elle, et s'en était allé, sans même se retourner.
Mais finalement, la vie à Londres, elle n'était pas si terrible. En fait, même, je sais que Danny la trouvait plutôt chouette. Tout changeait, tout son monde avait basculé, mais ce n'était pas important ; Lew était avec lui, et c'était tout ce qui comptait, tant pis pour le reste. Danny avait emménagé avec son frère, et se démerdait comme il pouvait pour payer la moitié des charges -compte tenu des exubérants frais londoniens-. Danny s'était trouvé un job dans un petit bar suite à un coup de chance monstrueux. Il avait composé un numéro, celui qu'il pensait être une boîte d'intérim, et s'était trompé d'un chiffre. Ainsi, il avait appelé le bar, et alors qu'il s'excusait pour le dérangement, on lui avait dit à peu près ceci ; Vous recherchez du travail ? Parce que... On recherche un barman, si ça vous intéresse. Alors merci la chance. D'autant plus que son boulot, il l'aimait plutôt bien ; c'était différent des bateaux, pour sûr, mais c'était tranquille et pas forcément mal payé.
Et puis, Lew l'avait introduit dans son groupe d'amis, une petite bande qui était toujours fourrée ensemble. Danny les trouvait formidables ; chacun avait apporté sa pièce à l'édifice amical qu'ils avaient bâti ensemble. Mais surtout, il y avait Zoe parmi eux.

Dès les premières fois où il la vit, Danny sut que c'était foutu. Il y avait eu comme un arrêt sur image sur sa personne, comme si le temps s'était soudainement décidé d'avancer au ralenti. Danny n'avait jamais vraiment ressenti ça pour personne, et ce sentiment nouveau qui jaillissait en lui, il l'adorait. Parce qu'il ne voyait plus que Zoe quand elle était dans la même pièce que lui, il adorait ses yeux, son rire, ses mains, ses cheveux, il rêvait de la tenir dans ses bras mais n'en parlait à personne, il gardait ça pour lui, comme un secret qu'il aurait pu murmurer à l'oreille d'un ami ainsi que le font les enfants. Oui, Danny aimait Zoe ; en fait, il l'aimait de toute la force qu'il le pouvait, il pensait à elle le matin, avant de manger, puis toute la journée, et le soir, aussi. Parfois, même, il rêvait d'elle, il la voyait sourire, il la voyait heureuse, et il était bien, dans ses rêveries, Danny. S'il avait perdu son amour de la mer, il avait gagné l'amour de Zoe. Oui, c'était foutu ; Danny savait qu'il en aurait pour toute la vie, et que personne ne pourrait remplacer Zoe, Zoe et ses grands yeux limpides dans lesquels il aimait se laisser porter, comme dans le lit d'une rivière.
Finalement, c'était peut-être la seule raison pour laquelle il appréciait Londres. Pour Zoe.





Dernière édition par Danny Weaver le Sam 14 Juin - 12:13, édité 31 fois
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Danny Weaver
Danny Weaver

❝ la mort imprévue fait partie de la vie, il faut bien l'accepter ❞

✢ DENTS PERDUES : 1174
☩ CERVELLES GAGNÉES : 3674
✢ ARRIVÉ AU PAYS LE : 06/05/2014
✢ PSEUDO : radioactive fish
✢ AVATAR : heath ledger
✢ CREDITS : sugar slaughter, wild hunger
✢ AGE DU PERSONNAGE : vingt huit ans, vingt-huit, joli nombre s'il s'en faut, vie trop courte s'il en est
✢ JE SUIS : une chenille avec une chicha, paye les conseils et fumée gratos
✢ DANS TES POCHES : couverture en plumes de jubjubs, lanterne lucioles (encore 15), potions répare-tout (6), somnicakes (6), et un fragment d'une dent du morse dont les propriétés lui sont encore inconnues -elle a au moins le mérite d'être un peu classe-
✢ TA VIE : 54/100
✢ ANCIEN METIER : barman, l'ironie de l'alcoolisme
✢ LOCALISATION : crypte de la chenille, tant qu'à faire, à ruminer dans un coin, ou pourquoi pas à la rivière sanglot, c'est selon l'humeur
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If heaven has any plagues beyond what I can drum up, let it wait until your sins are piled high and then hurl them down on you, you destroyer of a whole world of peace ! May conscience eat away at your soul constantly. May you suspect your true friends of being traitors and take the worst traitors as your closest friends. May you never sleep a wink except to dream of a hell full of ugly devils.
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MessageSujet: Re: lost myself and I am nowhere to be found ► DAN   lost myself and I am nowhere to be found ► DAN EmptyVen 9 Mai - 21:55



Et tes maux ; chute
Celui qui ressent sa propre vie et celle des autres comme dénuées de sens est fondamentalement malheureux, puisqu'il n'a aucune raison de vivre.






T'
aimes Zoe, c'est ça ? Dis-moi, s'il te plaît, dis le moi. Je vois bien la façon dont tu la regardes, je vois qu'il y a quelque chose entre vous, ça crève les yeux, bordel Lew, je te connais, et je t'ai jamais vu comme ça. Tu l'aimes. Je le sais, y'a pas besoin d'être un génie pour le comprendre, tu pues l'amour à cinq kilomètres à la ronde. Et elle ? Elle t'aime aussi, hein ?
Dire tout cela à son frère, Danny en mourait d'envie. Pendant des jours et des jours, il avait ressassé ce discours dans sa tête, mais le moment n'était jamais le bon pour tout lui balancer. Ou peut-être était-ce un manque de courage. En un sens, ne valait-il mieux pas vivre dans l'ignorance, l'ignorance protectrice ? Oui, mais Danny, je sais qu'il l'avait bien vite compris ; il aimait Zoe, mais Zoe, elle aimait Lew. Ca se voyait comme le nez au milieu de la figure, il aurait fallu être aveugle pour ne rien remarquer. Des jours durant, Danny avait fait les cent pas dans l'appartement londonien. Devait-il lui demander franchement ? Ou pas ? Parce que ces sombres pensées le rendaient malade. Malade de jalousie, malade de haine, malade d'amour et malade de Zoe. Oui, son diagnostic, son mal, à Danny, c'était un cancer de Zoe, un truc qui le pourrissait de l'intérieur, un truc qui s'attaquait à lui et menaçait de le tuer sans un traitement intensif. L'amour, oui, ça pouvait être néfaste à sens unique.
Et cet amour là, cet amour qui, pourtant, aurait pu être resplendissant, éternel et indestructible, cet amour, il faisait mal, il faisait un mal de chien à Danny.
Tu l'aimes, hein ? T'aimes Zoe. De toute façon, t'as toujours eu ce que tu voulais, c'est normal qu'elle t'aime toi. Moi, j'suis rien à côté de toi, j'ai jamais rien été à côté de toi, tout le monde n'a toujours fait que te regarder, toi, ta belle gueule et tes bonnes notes.
Danny, il ne savait pas trop s'il en voulait à Lew ou pas. Il n'avait pas à lui en vouloir, il le savait, il était injuste de penser ça, mais il n'y pouvait rien. Et puis, Lew ne lui disait rien. Ni Zoe. Ni personne. Et pourtant, Danny, il avait cette faculté de voir les choses comme elles étaient. Il comprenait tout, et ne bronchait pas, restait dans son coin en attendant que l'amour le détruise à petit feu, parce que c'était ainsi et que personne ne pouvait rien y faire. Il les regardait, parfois, envieux de leurs regards, envieux de leurs gestes, il les regardait, et il restait dans son coin, seul, envahi par des pensées désagréables qu'il s'efforçait toujours de balayer d'un revers de main lorsqu'on venait lui parler.
Et puis, un jour, alors qu'il était avec Lew dans la cuisine de l'appartement, il s'était décidé à lui parler, à lui poser des questions sur la nature de ses sentiments. « Lew, est-ce que tu... » Est-ce que tu aimes Zoe ? Est-ce que tu rêves d'elle, toi aussi, est-ce qu'elle t'aime, est-ce que je suis si seul ? Les mots se bousculaient dans sa tête, ils crevaient d'envie de sortir, d'exploser dans l'air, de déchirer le monde en deux, de prendre leur envol et de transpercer Lew tout entier. Mais rien ne venait, rien ne pouvait venir, ça aurait été trop... Trop douloureux. « Est-ce que t'as vu mes clés de bagnole ? J'arrive plus à remettre la main dessus. » Oui, Danny s'était rattrapé du mieux qu'il avait pu. Ses clés, elles étaient toujours au même endroit, et franchement, il se moquait bien de les perdre ou pas.
Alors, il ne lui avait rien dit. Il n'avait rien dit à Lew, jamais, il n'y parvenait pas. Peut-être était-ce la raison de leur perte à tous. Le silence.







C'
était un soir comme les autres, pluvieux comme on en avait l'habitude. Seul dans son appartement, Danny regardait la pluie s'abattre sur la ville, il regardait le ciel pleurer et s'en imprégnait, car ce qu'il ressentait en ce moment était à l'image du ciel gris. Lui aussi, il aurait pu déverser un flot de larmes, se laisser aller, mais non, au lieu de quoi il se contenait, se mettait en retrait de lui-même, se cachait de ses propres sentiments et les refoulait. Personne n'avait le droit d'être au courant de son chagrin d'amour, personne, pas même Lew, pas même Zoe, personne. Et puis, Danny sentait que tout foutait le camp. Même le groupe d'amis, il commençait à se dessouder. Depuis quelques temps, les gens prenaient de la distance les uns envers les autres, tout devenait plus morose, comme si tout le monde cachait un secret, un secret lourd et malsain. Sauf que Danny n'avait aucune idée de ce qui pouvait bien être la cause de cet éloignement. Toujours était-il que la vie si parfaite qu'il avait menée jusqu'à maintenant se cassait la figure, tout dégringolait, tout s'effritait et tout s'envolait comme de la poussière au vent.
Brr brr.
Pendant un instant, Danny fut arraché de sa contemplation solitaire par le vibreur de son téléphone. Quelqu'un tentait de l'appeler. Mais lui, il n'avait pas envie de répondre.
Brr brr.
La personne en aurait plus vite marre que lui. On ne dérange pas quelqu'un qui broie du noir.
Brr brr.
Et si c'était une urgence ? Et s'il était arrivé quelque chose à Lew, que l'appel était super important ? Il regarda le numéro qui s'affichait à l'écran. C'était Jessica. Alors ce n'était pas important.
Brr brr.
Oui, mais elle ne l'appelait jamais, d'habitude... Qu'est-ce qu'elle pouvait bien lui vouloir alors que le soleil commençait à se coucher ? Elle n'avait pas pour coutume de l'appeler, un message à la limite, mais un appel...
Brr brr.
« Quoi ? » « Putain, Danny, tu dormais ou quoi ? Ça t'arrive de répondre ? » Quelque chose n'allait pas dans sa voix. Jess semblait tendue, tendue à l'extrême, et apparemment, il y avait ce petit truc qui la faisait tiquer et qui avait du mal à passer. Tout ça, cet appel, cette voix, ça ne présageait rien de bon, rien de bon du tout, Danny le sentait. Alors, il s'était redressé, anxieux. « Qu'est-ce qu'il y a, Jess ? Y'a un problème ? Il se passe quoi ? » Danny l'entendit souffler au bout du combiné, comme si elle cherchait à se calmer avant de lui annoncer une terrible nouvelle. « Lew est avec toi ? » « Non, il doit être encore à la bibliothèque en train de bosser, il m'a prévenu qu'il rentrerait tard, mais... Mais qu'est-ce qu'il y a, merde, pourquoi tu lui demandes pas directement ? » « Oh putain. » Danny l'entendit parler à une personne qui se trouvait à côté d'elle. « Il est pas chez lui, merde ! » Là, je sais que Danny se mit véritablement à flipper. C'était quoi, toutes ces histoires ? « Rapplique chez moi, Dan, faut que... Faut qu'on te parle. » Puis, elle avait raccroché.

Sans prendre plus de temps pour réfléchir, Danny avait enfilé la première paire de chaussures qui lui était tombée sous la main, et s'était rué chez Jessica. Putain, merde, mais il se passait quoi ? Pourquoi est-ce que Jess avait l'air inquiète ? Et surtout, qu'est-ce que ça pouvait bien foutre d'où se trouvait Lew ? Il ne faisait rien de mal, il n'aurait jamais fait de mal à personne.
Sous la pluie, Danny avait couru, avait couru comme jamais, avait presque senti ses jambes se décrocher du reste de son corps au fur et à mesure qu'il traversait les rues londoniennes, il ne prenait pas garde aux gouttes qui s'écrasaient sur lui, ni au vent qui fouettait son visage, ni à sa respiration saccadée, ni à rien qui pouvait lui faire obstacle. Il n'avait plus qu'un objectif en tête ; l'appartement de Jessica.
Arrivé devant chez elle, il tambourina à la porte et entra comme une furie, trempé jusqu'aux os et anxieux comme un enfant. Ils étaient là, tous, à l'exception de Lew et de Zoe, tous assis sur le canapé du salon, le regard fuyant et la mine inquiète. « Bordel, mais quelqu'un va me dire ce qui se passe, ou pas ? Pourquoi, pourquoi vous êtes tous là, on dirait... On dirait qu'il y un truc super grave, et... Et j'peux savoir ce que vous reprochez à Lew, ouais ? Et Zoe, hein, elle aussi vous la jetez ? » Jessica soupira tristement. Manifestement, c'était elle qui était à l'orginie de tout ça. Et Danny n'avait qu'une seule envie ; s'énerver, hurler à la figure du monde entier, demander des explications, pourquoi tout foutait le camp, pourquoi on en voulait à son petit frère, et pourquoi, pourquoi tout s'assombrissait si vite, si soudainement. « Tu... Tu ferais bien de t'asseoir. » Encore une fois, Danny aurait voulu lui hurler d'arrêter de tourner autour du pot, de lui balancer la vérité de but en blanc, parce qu'il méritait de la connaître. Au lieu de quoi il suivit le conseil de son... Amie. « Danny... Danny, on a vraiment hésité à te le dire, je te jure que je m'y suis opposée un temps, mais... T'as le droit de savoir, et... » « Arrête de tourner en rond. » Son ton était presque devenu suppliant, il sentait déjà les larmes lui monter aux yeux alors même qu'il ne connaissait pas les raisons à tout ce cirque. Jessica fondit en larmes. « Putain, mais Danny, t'as vraiment rien remarqué ? Comment tu peux être si aveugle ? Bordel, mais Lew n'arrête pas rôder autour de chez Zoe, elle m'a appelé pour me le dire, elle s'inquiète, putain ! On sait pas ce qu'il lui veut, mais ça nous fait tous flipper, on sait pas quoi faire ! On peut même pas appeler les flics, on a pas de preu... » La figure de Danny se décomposa complètement, mais il ne laissa pas Jessica achever sa phrase. « Wow, wow, attends, là. T'es en train de me dire... » Il déglutit avec difficulté. « T'es en train de me dire que mon frère est une espèce de psychopathe ou j'hallucine ? » Danny sentait peser sur lui le regard des autres, qui à coup sûr, devaient le prendre en pitié. Il avait l'impression de se retrouver seul contre tous, à défendre son frère contre des accusations infondées auxquelles il se heurtait. « C'est quoi votre problème à tous, sérieusement ? Lew travaille, putain, vous pouvez pas lui en vouloir de pas passer sa journée à rien branler comme vous ! » Alors que Danny s'énervait, ce fut à Tom de prendre la parole. « Eh, Danny, tu vas te calmer direct, d'accord ? On n'y peut rien, nous, c'est pas de notre faute, alors merde, tu vas redescendre d'un ton. » Il soupira, probablement aussi abattu que tous les autres. « Tu crois que ça nous fait plaisir de dire ça, ou quoi ? Lew, c'est notre ami, on avait une totale confiance en lui, et crois-moi, crois-moi Danny, on sait vraiment pas quoi faire. Mais Jess tient ça de Zoe, et tu peux pas reprocher à Zoe de mentir. Y'a rien avec ton frère qui te semble... Bizarre ? » A ce moment, Danny était estomaqué. Il n'avait rien à dire. D'accord, Lew travaillait plus dur en ce moment, mais ce n'était certainement pas pour faire du mal à Zoe... « Non, non, non. Elle a du mal voir, je sais pas, mais nan, Lew il lui ferait pas de mal, j'vous dis que c'est une erreur, y'a un problème, mais ce problème il vient pas Lew, c'est quelqu'un d'autre, c'est pas croyable... Je... J'vais appeler Zoe, on va voir. » Alors qu'il saisissait son téléphone, Tom retient son geste. « Elle est pas au courant qu'on le sait. Elle a demandé à Jess de pas en parler. » Danny le transperça du regard. « Ah ouais, d'accord. Non seulement vous accusez mon frère des pires trucs possibles, et en plus vous avez pas les couilles de vouloir aider votre pote. J'vois le genre. J'verrai avec Lew, mais le premier qui l'approche, le premier qui le touche, j'vous promets que je lui ferai pas de cadeau. » Et puis, Danny était parti, lessivé, abattu, attristé.
Cette nuit là, il eut le sentiment d'avoir tout perdu. Son amour, puis ses amis, et puis Lew. Parce que cette histoire le travaillait. Et si... S'ils avaient raison ? Si Lew était véritablement coupable ? Mais non, il ne pouvait pas le croire, ce n'était pas possible, Lew bossait comme un dingue, c'était tout, il n'allait pas chercher les emmerdes, ce n'était pas son genre.
Mais où es-tu, Lew, bordel ?







D
anny avait toujours considéré que la vie n'était qu'une succession de montées et de descentes, qu'elle était rythmée par des hauts et des bas plus ou moins spectaculaires. Et là, Danny, il était en bas. Finalement, il ne lui restait pas grand chose. En fait, même, c'était bien pire que ça ; il ne lui restait rien qui le poussait à vivre, rien qui l'incitait à avancer, à continuer et à se relever. Danny était tiraillé par la crainte excessive de perdre Lew, et celle de perdre Zoe. Or, il perdait les deux, à petit feu.
Pendant des jours et des jours, il avait voulu oublier. Alors, le soir, il s'attaquait à une bouteille. Tout ce qu'il souhaitait, c'était partir de ce monde, rejoindre un ailleurs merveilleux, où tous ces problèmes qu'il rencontrait ne seraient plus rien d'autre que de légers nuages dans un ciel azuré. Mais ses voyages ne duraient jamais bien longtemps, et à peine les effets de l'alcool s'étaient dissipés qu'il revenait sur terre, et revenaient avec lui tous ses tourments, ces mêmes tourments qui le faisaient perdre pied sans que personne ne puisse y faire quoi que ce soit. Et parfois, il passait à la vitesse supérieure, avalait quelques cachets et filait droit dans les étoiles, pourtant seul, allongé sur le lit de sa chambre, fixe et immobile, les pupilles dilatées et le cœur qui battait à tout rompre. D'autres fois, il fumait un peu, un peu de tout, mais du peu qui lui faisait bien du mal. Danny, on ne le voyait plus beaucoup, il ne sortait quasiment plus, il avait peur de l'extérieur, mais aussi peur de l'intérieur, il avait peur de tout ce qui pouvait arriver, de tout ce qui était arrivé, alors, il fuyait, parce que c'était la seule chose qui lui restait à faire pour ne pas se tirer une balle dans le crâne.
Du peu qu'il était encore conscient, il avait observé Lew. A la réflexion, oui, son comportement était étrange. Il pouvait rester évasif sur des sujets sans importance, il pouvait sortir à n'importe quelle heure et semblait garder en lui un lourd secret, un secret que Danny n'arrivait pas à percer -ou ne voulait pas percer-. Il ne savait plus comment parler à son frère, comment le retrouver, comment remonter le temps et faire comme s'il ne savait rien. Or, il savait, il savait tout, mais ne disait rien. Plus il s'enlisait dans des paradis artificiels, et plus la communication lui semblait impossible, elle était devenue un mur infranchissable. Même son aspect physique avait changé. Il avait perdu du poids, gagné des cernes, et apparaissait bien plus cadavérique qu'il y avait à peine un mois, c'était comme si, d'un coup, un souffle de mort s'était abattu sur lui. En fait, Danny n'était bien que lorsqu'il se faisait seul du mal.
Et que dire de tous les autres. Danny les fuyait également, les fuyait comme la peste, comme s'ils étaient porteur de malheur, ou comme s'ils étaient les responsables de cette chute. Et puis, tout le monde se moquait que Danny aille bien ou mal ; tout le monde allait mal ces temps-ci.
Lew était dangereux. Zoe était en danger.
Et pourtant, il ne pouvait pas agir. Les deux personnes les plus importantes dans sa vie s'opposaient à présent. Danny ne pouvait pas choisir entre les deux. Non, en fait, il refusait de croire à tout ça. Il refusait, il niait l'évidence, tout ça n'était qu'une fable, on se moquait de lui à coup sûr, tout ça n'était qu'un mauvais rêve, et il allait se réveiller, un jour, ivre de plaisir de n'avoir fait que rêver. Parfois, il se pinçait, et ne se levait pas. Alors, il lui arrivait de pleurer, et d'oublier, refusant l'évident destin qui lui tendait les bras. Il lui était plus simple de sombrer, de continuer à vivre ailleurs et de vivre plus mal encore. Parler lui demandait un effort considérable, et, non, il ne voulait pas entendre autant d'horreurs de la bouche de Lew. Il ne pouvait plus entendre personne, qui que ce soit, parce que tout ce qui se disait sonnait faux, sonnait comme une obligation, et pour Danny, le stade des politesses était dépassé depuis longtemps. Pourtant, il fallait toujours faire semblant, faire semblant de ne rien savoir, et regarder Lew se faire jeter de plus en plus par ce qui avait été son groupe d'amis, il fallait le regarder se faire dévisager par des yeux qui laissaient apercevoir de la méfiance ou de la crainte. Mais Danny ne pouvait pas. Il ne pouvait plus. Il fallait faire quelque chose, n'importe quoi, mais faire quelque chose avant que tout explose, et qu'on retrouve un mort, qui que ce fut. Oui, on pouvait presque sentir la mort rôder autour d'eux, attendant le moment opportun pour se jeter sur une proie vulnérable.
C'était ça, c'était ça les derniers jours de Danny. Des mauvais pressentiments, des augures sombres, des bouteilles et de la poudre, de la haine et de l'amour, des sentiments et du cœur, des utopies et la réalité, mais surtout, la douleur, celle qui touchait tout le monde et ne laissait personne de côté.







C'
était une ruelle sombre, la nuit, dans un quartier mal fréquenté, évité par les touristes et qui aurait presque pu être rayé de la carte de Londres tellement personne ne voulait en entendre parler. Même les gens qui ne faisaient que passer s'y sentaient profondément mal à l'aise ; un coup de feu était vite parti, les produits qui y circulaient représentaient gros, les agressions étaient monnaie courante et les habitants avaient l'habitude de dévisager ceux qui ne semblaient pas appartenir à ce coin. Pourtant, Danny y était, seul, une cigarette à la main près d'une cabine téléphonique. C'était le lieu du rendez-vous convenu, c'était la nuit et c'était infaillible ; même les flics ne se risquaient pas vraiment à venir ici, car rien n'était rassurant, tout semblait à l'abandon, ou insalubre, et personne ne voulait savoir ce qui se tramait réellement derrière les murs des appartements.
Danny avait longuement hésité à appeler le type. Il avait eu son numéro par un réseau dans lequel il ne savait même plus comment il avait réussi à rentrer, et des jours durant, le petit bout de papier sur lequel était inscrit le nom du contact était resté sur la table basse près de son lit, entre deux boîtes de médicaments et un cendrier. Longtemps, Danny l'avait fixé, s'était tourmenté, s'était demandé s'il devait l'appeler, s'il devait prendre les devants, et un soir, alors qu'il avait commencé à boire, il avait composé le numéro, signant par cet acte une fin inéluctable.
Et il était là, seul, éclairé par un réverbère qui grésillait, entendant au loin un cri de femme et ce qui devait être l'alarme d'une voiture. Et le type en question était venu ; un peu plus petit que Danny, probablement la quarantaine, tatoué au niveau de l'avant-bras. « C'est toi Danny ? » Signe de tête en guise d'approbation. Le type prenait ses précautions. Il fouilla Danny, histoire d'être sûr. « Suis-moi. » Ils marchèrent, pendant, peut-être, dix minutes, déambulant comme des morts-vivants au travers des rues, essayant tant bien que mal de faire abstraction de toute la noirceur du quartier. Puis l'homme au nom inconnu fit entrer Danny dans un genre d'appartement aussi vieux que le monde, un lieu qui servait plutôt de squat que de pièce à vivre compte tenu du mobilier usagé, de la tapisserie qui se décollait et des toiles d'araignée qui pendaient du plafond. « J'vais te montrer ce que j'ai. T'as bien les thunes en liquide ? » Nouvelle approbation. Et puis, il avait montré à Danny plusieurs modèles, tous différents, avec des caractéristiques spéciales dont Danny n'avait pas retenu la moitié. « J'vais prendre celui là. » Le ton de Danny était sans appel. C'était celui-là qu'il voulait, pas un autre. « Celui-là ? Si tu veux, c'est une valeur sûre. Discret, y'a pas une précision excellente mais il risque pas de s'enrayer de sitôt. » Et puis, l'homme soupira. « Je sais que c'est pas mes affaires, gamin, et crois-moi que j'vais pas m'en mêler, mais ça, c'est... Juste pour te défendre ? En général, on paye pas une arme au numéro de série limé juste pour se défendre. » Danny le fixa dans les yeux, mais garda le silence. Lui-même, il ne savait pas trop ce qu'il comptait en faire. C'était... Au cas où. « On m'a dit que t'étais un type bien, en plus, et t'as l'air à moitié crevé. Tu pues l'alcool, tu devrais pas tant picoler, surtout pas avec ça sur toi. T'as jamais tiré sur un homme, toi, hein... La première fois, ça va te faire mal, t'es prévenu. » Danny détourna le regard, et l'homme soupira à nouveau. Peut-être que ça lui brisait un peu le cœur, allez savoir, de voir un homme qui n'avait même pas la trentaine acheter une telle chose et se pourrir manifestement la vie tout seul. « Enfin, tu fais ce que tu veux, si t'es sûr de toi... Tu connais les règles, c'est le deal, on s'est jamais vus, jamais croisés, je connais pas ton existence et tu connais pas la mienne. Oh, et une dernière chose ; là, je te mets un silencieux. Et fais gaffe à toi, bonhomme, la détente est un peu sensible, pense bien à mettre la sécurité. »








Dernière édition par Danny Weaver le Mar 24 Juin - 13:46, édité 27 fois
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Danny Weaver
Danny Weaver

❝ la mort imprévue fait partie de la vie, il faut bien l'accepter ❞

✢ DENTS PERDUES : 1174
☩ CERVELLES GAGNÉES : 3674
✢ ARRIVÉ AU PAYS LE : 06/05/2014
✢ PSEUDO : radioactive fish
✢ AVATAR : heath ledger
✢ CREDITS : sugar slaughter, wild hunger
✢ AGE DU PERSONNAGE : vingt huit ans, vingt-huit, joli nombre s'il s'en faut, vie trop courte s'il en est
✢ JE SUIS : une chenille avec une chicha, paye les conseils et fumée gratos
✢ DANS TES POCHES : couverture en plumes de jubjubs, lanterne lucioles (encore 15), potions répare-tout (6), somnicakes (6), et un fragment d'une dent du morse dont les propriétés lui sont encore inconnues -elle a au moins le mérite d'être un peu classe-
✢ TA VIE : 54/100
✢ ANCIEN METIER : barman, l'ironie de l'alcoolisme
✢ LOCALISATION : crypte de la chenille, tant qu'à faire, à ruminer dans un coin, ou pourquoi pas à la rivière sanglot, c'est selon l'humeur
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If heaven has any plagues beyond what I can drum up, let it wait until your sins are piled high and then hurl them down on you, you destroyer of a whole world of peace ! May conscience eat away at your soul constantly. May you suspect your true friends of being traitors and take the worst traitors as your closest friends. May you never sleep a wink except to dream of a hell full of ugly devils.
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MessageSujet: Re: lost myself and I am nowhere to be found ► DAN   lost myself and I am nowhere to be found ► DAN EmptyMar 24 Juin - 13:43



Morts
Dieu ne joue pas aux dés.






V
ingt-huit. Danny n'avait pas dormi depuis vingt-huit heures. Tout en lui criait à la souffrance, tout en lui hurlait de désespoir, parce que tout lui pesait sur la conscience, tout prenait un poids considérable, tout devenait un boulet qu'il n'arrivait plus à traîner. Ces derniers temps, il avait trop pleuré, il avait trop saigné. Il devenait incapable de faire le moindre tri dans ses sentiments, ressentait tout et rien à la fois, c'était un vide glacial en lui d'une complexité sans borne. Rien ne l'aidait, rien ne permettait de le sortir de cet état qui le pourrissait de l'intérieur, rien, pas même quelques bouteilles ou quelques lames. Pendant longtemps, il avait fixé son arme, qu'il avait laissée sous son lit. Il la regardait, apeuré et fasciné, elle le repoussait comme elle l'attirait, c'était exactement comme si elle avait eu un pouvoir sur lui, comme si elle était un aimant aux deux pôles opposés. Et Lew n'était pas là, toujours pas là.
Vingt trois heures quarante deux. C'était l'heure à laquelle Danny s'était résigné, l'heure à laquelle il avait pris son courage à deux mains. Il lui fallait une explication, il lui fallait accéder à la vérité sous peine de faire une grosse bêtise. Alors, il s'était servi un verre, puis un deuxième et enfin un troisième pour se donner un peu de cran, pour faire cesser ce tremblement qui lui parcourait les mains et qui lui descendait jusque dans les jambes. Il avait également saisi son arme, qu'il avait cachée dans son holster au niveau de la ceinture, aussi. Juste au cas où, juste parce que sa présence avait quelque chose de malsain, mais de rassurant. Il s'était posté dans la cuisine, et avait attendu.
Minuit sept. Danny entendit de l'agitation, une porte qui s'ouvrait. Lew devait être rentré, peut-être. Ou était-ce son fantôme ? Danny n'en savait plus rien, il ne voulait plus rien savoir, tout était devenu de trop. Mais des pas s'approchaient, se faisaient distincts, lourds et fatigués. Tout le monde était exténué, probablement. Sans même lever les yeux vers lui, parce qu'il était comme dans un état second et qu'il fixait intensément son verre qu'il faisait tournoyer dans sa main, Danny lui avait posé une simple question, toute bête et terrible à la fois, ainsi qu'il aurait pu lui asséner un premier coup de poignard. « Tu foutais quoi ? » S'il avait l'apparence cadavérique d'un homme au bord du gouffre, il en allait quasiment de même pour Lew. Lui aussi avait été frappé par les cernes et les paupières presque closes, par le teint blafard et le corps qui crie au secours. Malgré tout, malgré son corps suppliant de sommeil, il eut l'air surpris, alors qu'il frottait son œil et passait une main dans ses cheveux. « Hein ? » Puis, il ajouta rapidement, saisissant le sens de la question de son frère. « Ah, rien de spécial, j'étais... Bah, j'étais dehors comme tu dois t'en douter. » Lew tenta le sourire timide. Alors, ainsi, il était encore dans la comédie. Comme tous les autres. Parce que personne n'avait le courage d'être honnête, personne n'avait le courage de parler, de coller des mots aux maux, tout le monde jouait aux faux-semblants même si tout le monde comprenait la supercherie. Mais c'en était assez pour Danny, pas ce soir, non, ce soir, ce n'était pas le soir pour se moquer du monde. Plus maintenant. Plus jamais. Danny dirigea son regard vers celui de son frère, un regard qu'il voulait presque incendiaire. « Je te demande pas où t'étais, je te demande ce que tu foutais. » Lew ouvrit le réfrigérateur pour se saisir d'une bouteille d'eau, et laissa le dialogue en suspens, comme flottant dans l'air alors qu'il buvait, comme s'il s'était agi de la dernière note de musique d'un concerto qui vibrait en l'air bien après qu'elle se soit dissipée. Il avait finalement haussé les épaules et fixait le plafond. Était-ce lui qui fuyait les regards, à présent ? « Rien, j'avais juste b'soin d'air, j'ai du mal à dormir en c'moment, et paraît que sortir un peu ça fait du bien. C'est tout. » Danny ferma les yeux, et lâcha son verre pour se masser les tempes. Il avait une sainte horreur qu'on se moque de lui, et surtout, surtout Lew, surtout ce type en lequel il avait eu une confiance aveugle, celui même à qui il aurait confié sa vie pleine et entière sans la moindre crainte. Cette crainte, maintenant, elle était toute autre. C'était la crainte de s'énerver, la crainte de perdre le peu de contrôle qu'il lui restait devant les mensonges de Lew. Plus personne n'était dupe. « Et hier ? Et avant hier ? Et encore avant ? Ça fait deux semaines que t'arrives plus à dormir, hein ? J'ai horreur que tu te foutes de ma gueule, Lew. » Prendre l'air, ouais, bien sûr. Danny en était sûr, même Lew ne croyait pas lui-même à son mensonge. Il était certes plus facile de dire ça que d'avouer la vérité, néanmoins, un tension monumentale s'installa dans la pièce. Pour peu, on aurait pu sentir de l'amertume, du regret, de la crainte et de la tristesse à plein nez, comme des saveurs amères qui auraient peuplé l'appartement. Lew se mordit la lèvre. Était-il aussi nerveux que Danny était épuisé ? « Faut croire que l'insomnie débarque n'importe comment, j'y peux rien. »
Minuit onze. Lew sortit de la pièce, doucement, les mains dans les poches. Danny le suivit. Non, il ne voulait pas lâcher l'affaire, pas cette fois, il ne pouvait plus faire comme si rien ne se passait, comme si son frère n'était pas ce dérangé qui surveillait l'appartement de leur amie. Lew était potentiellement... Dangereux. Et même si Danny avait lutté, avait lutté en lui pendant des jours pour ne pas y croire, il s'était rendu à l'évidence. Lew n'était pas celui qu'il croyait qu'il était. Alors Danny sentit une once de colère commencer à pointer dans sa voix. « Lew, putain, ARRÊTE, arrête de me prendre pour un con, arrête. Encore devant chez Zoe, peut-être ? » Je crois n'avoir jamais vu Danny avec des traits aussi durs qu'il les avait ce soir là. Son visage était distordu par la colère, la haine, la tristesse, aussi, et le dégoût, tellement de choses à la fois qu'on le voyait perdre pied. On le voyait qui s'éloignait de ce monde pour s'enfermer dans le sien qui n'était plus que ténèbres. Alors, Lew s'était arrêté net, dos à Danny, au milieu du salon. « Qu'est-c'que tu racontes ? » Danny se passa une main sur le visage. Il se sentait partir, lui aussi, il sentait que la réalité se brouillait, et même si elle n'était pas agréable, elle valait toujours mieux que l'aveuglement le plus complet. Mais la colère, il ne pouvait pas la refréner, l'empêcher de lui monter à la tête, et la peur, aussi. « Tu comptes mentir encore longtemps ? J'savais pas que mon frère était si tordu. Faut croire que tu caches bien ton jeu. Enflure. » Intérieurement, Danny s'en voulut pour l'insulte. Elle était sortie toute seule, il n'avait pas eu à y réfléchir, elle était aussi spontanée que dure à entendre. Les insultes, elles n'avaient plus fusé entre les deux hommes depuis des années. Et là, ce soir, c'était comme si les limites avaient été franchies. Lew et Danny, à ce moment, ils n'étaient plus des frères. Ils étaient des ennemis. « Tordu ? Vraiment ? Quitte à m'insulter Danny, balance le fond d'tes pensées, allez, j't'écoute. » Lew s'était un peu retourné et avait incliné la tête, sourcils froncés, dévisageant son frère de haut en bas. Pour peu, il aurait presque tiré une moue dégoûtée et un rire en coin. Il devait le détester. « En quoi j'suis taré ? » Pour Danny, la solution de facilité aurait été de partir, de s'enfermer dans sa chambre et d'oublier, d'avaler des cachets et puis partir lentement, mais non, non, tout avait trop duré et il fallait que quelqu'un y mette fin. Alors, du mieux qu'il avait pu, Danny avait soutenu le regard de Lew. Regarder Lew dans les yeux, ça lui faisait un mal de chien, c'était difficile parce que tout était en train de s'écrouler autour de lui, ils étaient comme les deux survivants de deux camps opposés dans un champ de bataille. Danny déglutit difficilement, soutenant toujours ces yeux de vautour qui l'assassinaient, tandis que sa respiration s'intensifiait et devenait par moment douloureuse. « T'es un enfoiré, Lew, t'as vraiment besoin que je te dise tout ce que tu sais déjà ? Tu crois que personne t'as vu rôder près de chez Zoe, hein ? Et t'appelles ça être sain d'esprit, peut être ? » Lew se retourna d'un seul coup, un sourire dépité collé sur le visage. Il n'y avait rien à regretter, rien, c'était le moment de la vérité. Mais c'était trop tard.
Minuit treize. « Sain d'esprit ? J'le suis certainement plus que n'importe qui en c'monde ! Mais bon, le plus grand a toujours raison, c'est vrai, c'est vrai. »
Trois. C'était le nombre de coups de poignard que Danny venait de se prendre en pleine figure. Le plus grand, il avait beau avoir raison, tout le monde n'en avait qu'après le plus petit. Et c'était comme ça depuis toujours.
Minuit quatorze. Lew avait haussé les épaules. «  Continue, j't'écoute ! Tu crois que j'vais me la jouer Hannibal ? Ou encore Jack l'Eventreur, c'est ça ? » Silence. « C'EST SÛR, J'AI TELLEMENT QUE CA A FOUTRE. Du sang, du saaang, je veux du sang. » Deuxième silence. « Ca, c'est un type malade. C'est pas moi. » Devant les propos de Lew, Danny se décomposa de plus en plus. Il sentit les larmes lui monter aux yeux, il sentit que la terre s'effondrait et qu'il allait d'une minute à l'autre se dérober. Il détestait Lew. Mais bon sang, il l'aimait à même intensité. « Tu t'entends, Lew ? » Toute colère s'était évaporée de sa voix. Elle était brisée, à vrai dire, aussi brisée que son cœur et que son âme. Elle sonnait même comme une supplication. S'il te plaît, Lew, s'il te plaît. « Tu crois que c'est le discours d'un mec qui a rien à cacher ? Ouais, ouais j'ai bien peur que tu la joues psychopathe, je te connais plus, j'sais pas qui t'es, mais t'es pas mon frère. » Sentence. Couperet. Peine de mort. Décapitation. T'es plus mon frère. Lew s'approcha de Danny pour venir se planter dans ses yeux larmoyants. « J'ai rien à cacher, j'ai rien fait de mal NOM DE DIEU. » Puis il croisa les bras sur sa poitrine. « Alors j'suis qui Danny ? UN PUTAIN DE MONSTRE SELON TA PSYCHOSE ? C'EST CA ? » Danny esquissa un mouvement de recul. Lew l'impressionnait, ivre de rage, ivre de haine et de colère. Quelques larmes roulèrent sur les joues de Danny. Il ne pouvait plus les contenir, il ne pouvait plus rien contenir en lui. Malgré tout, il ne se dérobait pas sous son regard, il lui tenait tête quand bien même ça lui transperçait la poitrine.
Minuit dix-sept. Danny ne sut pas ce qui l'avait poussé à agir ainsi. Mais finalement, ce n'était pas à Lew de s'énerver, c'était à lui. C'était lui qui maîtrisait le déroulement des événements, et Lew n'avait qu'à s'écraser. En fait, son attitude ne tendait qu'à prouver qu'il était véritablement... Dérangé. Il n'y avait plus d'échappatoire possible. Alors, Danny avait dégainé l'arme de son holster, la tenant à bout de bras, pointée vers Lew. C'était à lui de s'énerver, maintenant, même si les larmes tombaient en cascade sur son visage et même si ses mains tremblaient comme jamais. « MAIS PUTAIN QU'EST CE QUE TU LUI VEUX, A LA FIN ? RÉPONDS MOI, PUTAIN D'MERDE ! » Il n'avait plus que peur, peur pour Zoe et ce qui pourrait lui advenir, peur de son frère qui n'était plus ce gamin maladif qu'il avait été. Maintenant, il était autre. Lew se figea, et recula d'un pas. « Bordel de merde qu'est-c'que tu fais avec ça sur toi ?! » Danny sentit la panique monter en son frère. « Chacun ses secrets. » Toi, tu stalkes Zoe, moi, j'ai acheté une arme. Maintenant, les yeux de Lew aussi devenaient humides, apeurés et tellement, tellement tristes. Déçus, même, ce qui était bien pire. « Et après t'oses remettre ma santé mentale en doute hein ? QU'EST-CE QUE TU CROIS QUE J'LUI VEUX DANNY ? QU'EST-C'QUE TU T'IMAGINES ?! » Avant, Danny avait essayé de contenir ses larmes. Mais à présent, il en était incapable, tout bonnement incapable. Et sa voix de redevenir suppliante. « Mais j'sais pas, Lew, j'sais pas ce que tu lui veux, j'en sais rien, j'sais pas ce qui se passe dans ta tête... Mais t'es dangereux, putain. » La panique était visible chez Lew. Il regardait Danny, puis son arme, et recommençait sans cesse l'opération. « C'est c'que toi tu veux croire, mais, j'le suis pas, j'l'ai jamais été. » « FERME LA ! PUTAIN LEW, FERME LA ! » Danny s'était mis à hurler, hurler comme il n'avait jamais hurlé. Tout son corps était secoué de tremblements, presque paralysé par la peur, la peur violente qui le prenait aux tripes et qui le cognait intérieurement dans tous les sens. Il ne pouvait plus entendre Lew, non, il ne pouvait plus, il ne pouvait plus rien sentir sous le flot de larmes qu'il déversait et sous les coups mentaux qu'il enchaînait. Qu'ils enchaînaient. « ...Tu d'vrais lâcher ton arme. Tu m'fais peur. » « J'peux pas te faire confiance, Lew, t'as changé, je sais plus qui tu es... » C'était sûrement mieux pour tout le monde. Zoe est sauve.

Minuit dix-neuf. Décès de Lew Weaver.
Vingt-cinq. Age de Lew Weaver.
Une. Une vie détruite.

Tout était devenu blanc pour Danny, aveuglé par les larmes, le sang, les sentiments, les émotions, le tremblement, le champ de bataille, les ruines. Il ne savait même pas ce qui s'était passé. Crispé, tremblant, Danny avait écarté ses mains l'une de l'autre, et l'arme était tombée. Lew aussi était tombé. Paralysé, Danny n'avait pas tout de suite réagi. En fait, il ne réalisait pas. Ce n'était pas possible, tout simplement. « Lew ? »
Cadavre. Effondré. Blafard. Des éclaboussures de sang au mur, sur les canapés, sur son propre visage, partout. Danny passa sa main sur sa joue, qu'il sentait chaude et humide. En regardant sa paume, il vit du sang, beaucoup de sang. « Lew... »
Le temps s'était arrêté. Lew. Lew. Lew. Que s'était-il passé, au juste ? « Lew... » Et puis, Danny s'était rué sur le corps de Lew, au sol. Il s'était agenouillé, près de lui, tenant sa tête entre ses mains. « Non... Non, non, non, non, non, Lew, putain, non, non, me laisse pas, me laisse pas seul, non, pars pas, Lew, j't'en supplie, Lew, non, reste avec moi, Lew, non, putain, non, Lew, Lew... » Du bout de ses doigts tremblants, il toucha la plaie, l'impact de balle qu'il avait entre les deux yeux. Et que dire de la face du cadavre ? On voyait encore dans ses prunelles éteintes la peur, les yeux écarquillés. Mais Danny, lui, il ne voyait plus rien, aveuglé par les larmes, trop abattu sous la douleur.

Vingt et un grammes. Le poids de l'âme de Lew.







P
laignez les vivants.
Au revoir, Lew.


Danny avait du mentir. Il avait du mentir, il n'avait pas le courage, il ne croyait en rien, il ne réalisait pas, mais par dessus tout, il avait du mentir. Il s'était saisi de l'arme, l'avait nettoyée du plus gros des empruntes, l'avait fourrée près de Lew et s'était lavé les mains. Mais le sang, le sang de Lew, il l'aurait à vie. Sur la conscience, sur le visage, sur les bras et les vêtements, parce qu'il avait fait croire à un suicide.
Tu t'es pas fait tuer, Lew, nan, tu t'es suicidé.
Bien sûr, la mise en scène n'était pas forcément crédible pour un œil averti. Mais personne, personne ne pouvait soupçonner Danny, lui qui était si abattu, et seul, tellement seul. C'était comme si son monde s'était écroulé, parce que tout avait été balayé par un coup de revolver, comme s'il ne pouvait plus toucher la terre et qu'il flottait dans les airs, irréel, une goutte parmi un océan. Il ne pensait plus à rien, Danny, il n'avait plus rien à quoi penser, il se laissait porter, mourant plus que vivant, déambulant parmi les gens, déambulant parmi la masse précipitée des fourmis qui grouillait autour de lui. Parfois, il fixait un point au sol, désemparé, et vide, ô combien vide, car plus rien n'avait d'emprise sur lui. Il saignait, physiquement et mentalement, mais c'était plus que ça ; lentement, il se vidait de son sang sur le tapis du salon.
Parfois, on lui disait avec un air grave sur le visage qu'il devait réapprendre à vivre. Il n'en avait pas envie.
Parfois, on le prenait dans les bras. Il ne sentait même plus la chaleur.
Parfois, on pleurait devant lui. Il ne comptait même plus les larmes, il se noyait trop dedans.
Parfois, il songeait à débarrasser les affaires de Lew, à les mettre dans des cartons. Mais non, non, Lew était toujours là, bien sûr que non il n'était pas mort.
Et parfois, quand il passait dans son appartement devant le salon ensanglanté, il s'effondrait contre le mur, pleurait toutes les larmes de son corps et se recroquevillait, il en voulait au monde entier, il se laissait tomber et ne se relevait que bien plus tard, quand le sommeil commençait à l'engourdir tout entier.
Il avait songé à déménager. A changer de vie. A se reconstruire. Mais au fond, il savait que tout était proche, que la délivrance n'était pas loin. Et puis, fuir pour aller où ? Personne ne peut échapper à son passé.

Zoe ? C'est Danny. Lew... Lew s'est suicidé.
Mensonge.


Et puis, un matin, Danny s'était levé et avait enfilé un costume noir. C'était le jour des obsèques de Lew. On l'incinérait, on le brûlait. Et ce qui naît dans la cendre revient à la cendre.
Pendant toute la durée des funérailles, les gens s'étaient précipités pour voir Danny. Oui, il était le frère, il était logiquement le plus touché par la situation, alors tout le monde le regardait, les yeux larmoyants avec cet air plein de compassion et de tendresse. Et Danny leur en voulait, leur en voulait à tous d'être si gentils avec lui alors qu'il était responsable de toute cette noirceur. Il avait envie de hurler, de hurler la vérité dans toute la salle, d'avouer que la mort de Lew n'était pas ce qu'elle semblait être, d'avoir enfin toute cette haine qu'il méritait, il aurait même voulu être à la place de son frère, qui devait probablement être plus confortable que la sienne. Peut-être avait-il une place sur un nuage, tout là-haut ? Et Danny, lui, il était coincé au sol, il s'enlisait dans les ténèbres et s'embourbait dans son mensonge. Et s'ils savaient, hein ? Ils me détesteraient, il me tueraient.
Toute cette tristesse, toute cette gentillesse, tout ce recueillement, ça lui filait la gerbe, la gerbe de savoir qu'il en était responsable.

Et puis, même les parents étaient présents. Le père de Danny était venu le voir à part, abattu mais digne sous des larmes qu'il essayait de contenir. Il avait respiré un grand coup, puis il avait saisi ce qu'il restait de Danny, serrant dans ses bras celui qui était désormais fils unique. L'accolade avait duré, peut-être, des jours entiers, des années, et malgré tout, la douleur était toujours aussi intense et les pleurs toujours gravées dans les mémoires. Il s'était ensuite décollé de son fils, et, ravalant les larmes qui perlaient à ses yeux, il avait fixé de loin le cercueil de son autre fils. « Tu crois en Dieu, Danny ? » Est-ce que tu penses qu'il est au Paradis, Lew ? Tu crois que quelqu'un veille sur lui ? Danny n'avait pas répondu. Il n'en savait rien. Et il était parti, il avait couru aux toilettes parce que l'abattement le plus total refaisait surface. Il s'était d'abord passé de l'eau sur le visage, mais ça ne suffisait pas. Il s'était donc enfermé, et une fois encore, avait pleuré jusqu'à n'en plus pouvoir, avait tenté d'étouffer ses sanglots sans succès, avait tenu sa tête dans ses mains et aurait souhaité se laisser mourir ici, écroulé sous le poids d'une conscience bien trop lourde à porter pour une seule personne.
Et il était revenu. Personne ne devait savoir, personne ne pouvait savoir.
Mais surtout, à peine avait-il ouvert la porte qu'il tomba nez à nez avec Zoe. Zoe, Zoe, celle pour qui il avait provoqué toutes ces ténèbres. Zoe, celle qui semblait si abattue à ce moment, autant que lui, autant que le monde entier, celle dont la face transpirait le remord et le désespoir, cette femme si jeune et si fragile, cette femme pour qui il avait été jusqu'à tuer son frère, cette femme dont il s'était épris d'une façon bien trop intense, cette femme pour laquelle il aurait pu soulever des montagnes sans la moindre hésitation. Mais l'état, l'état où elle était, l'état dans lequel elle se trouvait, ça fendait encore plus ce qu'il restait du cœur de Danny. Ils se regardèrent, un moment, un long moment, l'un devant l'autre, incapables de la moindre action. Qu'auraient-ils du faire ? Toute cette situation les dépassait. Les mots étaient inutiles, il n'y avait plus que les sentiments, les sentiments intenses et effroyables qui les ravageaient tout entiers. Rien, il ne lui avait rien dit, il ne lui avait même pas fait un signe, un sourire, rien qu'une marque compatissante ou rien qui aurait pu l'aider. Il avait voulu partir, partir comme il était venu, plus brisé encore. Mais Zoe, elle n'était pas comme lui, elle s'était approchée et hissée sur la pointe des pieds pour atteindre son oreille. Et elle lui avait soufflé quelques mots, après une éternité d'attente, les pires mots que Danny n'ait jamais eus à entendre. « Danny... Tu méritais pas de le perdre, si tu.... Je suis là, d'accord ? Je suis là pour toi, promis. » Si elle savait, si elle savait, mais si elle savait... Alors, Danny s'était mordu la lèvre, jusqu'au sang peut-être, avait fébrilement hoché la tête, et était parti, sans rien dire, sans rien faire. Il ne méritait pas Zoe. Et Zoe, avec ses mots, elle vengeait Lew. Elle le poignardait sans même le vouloir, elle écrasait sa conscience et lui maintenait la tête sous l'eau.

On l'avait laissé seul, quelques temps après, face à face avec son fantôme, seul pour affronter ses démons. En soi, parler avec le cadavre de Lew était également une épreuve. Il n'y arrivait pas, tout simplement. Le voir, là, allongé, paisible... Et cette affreuse balle qui était fichée dans son crâne. « Lew... » Puis Danny s'était effondré à genoux devant le cercueil, la tristesse et le remords ravageant son visage. « Lew, si tu savais, si tu savais comme je m'en veux. J'ai rien, j'ai absolument plus rien sans toi, j'aurais du faire quelque chose pour t'aider, j'aurais du, j'étais mal, j'étais tellement mal. S'il te plaît, pardonne-moi, Lew, je t'en supplie, où que tu sois, pardonne-moi, j'voulais pas, j'ai jamais voulu, tu me manques tellement ici. J't'en prie, reviens, je te demande juste un tout petit miracle, reviens, j'arrive pas à vivre sans toi... Lew... Je suis tellement désolé. Tu le méritais pas. Je suis tellement, tellement désolé. » Il soupira, et toujours agenouillé, enfouit sa tête dans les mains, le dos recourbé, pendant des heures et des heures peut-être, à moins que les secondes ne soient devenues des heures. Et puis, il s'était redressé, à quelques centimètres du cercueil. « Je t’oublierai jamais, jamais, Lew, tu seras toujours la plus grosse partie de moi. » Puis, il jeta un coup d’œil à la bague qui était dans sa main, la bague que Lew lui avait offerte, dix ans auparavant, la bague qu'il n'avait plus le choix que de porter autour du cou car elle glissait de ses doigts devenus trop fins. Danny l'avait regardée, longtemps, et avait hésité à la restituer à son frère. Je la mérite pas, tu sais. Et puis, la paume de sa main s'était refermée. Il n'y arrivait pas, il n'arrivait pas à lui rendre. « Je t'aime tellement Lew. Pardonne-moi. »

On avait fini par clore les visites, et on avait emmené Lew. On l'avait posé sur des rails, et, doucement, il avait pénétré dans les flammes, dans un brasier, dans la lumière et dans les pleurs. Danny aurait voulu hurler, hurler pour demander qu'on le retienne et qu'on l'empêche de partir, hurler pour qu'il reste à jamais. Mais il était mort. Mort. Par ta faute. Il devait bien s'en aller, il fallait que son âme quitte son corps et soit soulagée, quelque part, dans un ailleurs qui était interdit aux mortels. Peut-être était-il sur un nuage, avec le grand-père cancéreux et la tante vieille comme le monde, peut-être avait-il rejoint le cousin accidenté et l'ami cardiaque, peut-être. Peut-être que, alors qu'il se consumait dans les flammes qui léchaient les parois de son cercueil, il les observait, bienveillant, quelque part, de loin ou juste au dessus d'une épaule, à quelques centimètres d'eux, les effleurant en tentant de signaler sa présence.
Mais Lew, son corps, il partait petit à petit, devant quelques dizaines de personnes, les plus proches de Lew. Danny contemplait, silencieusement, l'ardeur des flammes qui s'en prenaient à son petit frère, bercé par la chaleur qui se dégageait du crématorium, étouffant dans un costume trop épais et frigorifié par des sentiments bien trop lourds. Une larme roula sur la joue de Danny alors que son frère s'en allait, emportant avec lui la joie de Danny, et son âme, et son cœur, et sa vie entière, qui se consumaient en même temps que le corps. Danny aurait voulu s'effondrer, sortir de la pièce en vitesse, oublier ces derniers instants, courir et revenir à Plymouth, supprimer ces derniers mois. Mais non, stoïque, il affrontait son frère jusqu'à la dernière seconde, debout à côté de Zoe, le regard droit devant. Mais tout était si dur à supporter... Sans vraiment réfléchir à ce qu'il faisait, il tendit les doigts vers la main de Zoe, et la serra, toujours plus fort à mesure que les larmes affluaient. C'est pour toi que j'ai fait tout ça, tout se passera bien maintenant. Oui, Danny n'en doutait pas, ils seraient plus forts à deux. Cette proximité, elle permettait d'être plus solides face à Lew et ce qu'il restait de lui, face aux cendres qui auraient pu tomber en cascade sur leurs épaules.

Je t'aime.







D
anny avait besoin de lui parler. Il avait besoin de parler à Zoe. Depuis l'incinération, il n'avait plus de nouvelles. Mais lui, il s'en allait, il retournait à Plymouth, il en avait décidé ainsi, il allait retrouver la bicoque isolée et s'expédiait près de la mer, c'était trop plein de Lew partout, à Londres, tout lui rappelait son frère, et ici, il n'avait plus rien. Plus d'amis, plus personne, plus de frère, rien qui puisse le retenir. Même pas Zoe, puisqu'elle aimait Lew. Alors, Danny avait choisi de s'en aller. Londres était noire, la mer était claire et bienveillante, et de toute façon, Danny ne pouvait pas payer le loyer tout seul. Rien, il n'avait rien à Londres. Mais il fallait qu'il l'annonce à Zoe, il ne pouvait pas partir sans rien dire, il ne comptait pas s'enfuir comme un voleur. Ni comme un assassin. Il devait faire ses adieux à Zoe. Il lui fallait tourner la page, et ça commençait par déménager. Danny savait très bien qu'il ne reverrait plus Zoe. Il ne pourrait jamais supporter la voir, si triste, si abattue, plus longtemps encore. Il ne comptait plus revoir personne du groupe d'amis, il s'en allait refaire sa vie. C'était ce qu'il y avait de meilleur pour sa santé mentale, il en allait de sa vie.
Je t'avais dit que j'aurais jamais dû venir, petit con.
Danny avait empoigné son téléphone, fébrile. Il était toujours dans un état aussi effroyable qu'il y avait quelques semaines, il n'en pouvait toujours plus, et menaçait à chaque instant de s'effondrer. Mais Danny, il savait aussi que s'il restait à Londres, il allait passer le restant de ses jours comme ça, à moitié crevé, ne tenant debout que parce que c'était le but du jeu. Au moins, Plymouth allait probablement lui apporter la rédemption.
Et Zoe ne répondait pas. « Zoe ?... Je... Je te laisse un message comme tu réponds pas, mais... J'espère que ça va. Mieux, en tout cas. Je... Je pense beaucoup à toi, et, depuis... Enfin, Zoe, il faut que je te parle. Je... Je peux pas rester à Londres. Je vois Lew partout, je dors plus, je mange plus, je sors plus, et... Je vais retourner à Plymouth, j'aurais jamais dû quitter Plymouth. Zoe, je... Je passerai te voir bientôt. »

Pourtant, les heures passaient, les jours défilaient, et toujours pas de Zoe. Danny commençait réellement à s'inquiéter, plus encore que d'habitude, et l'anxiété qui ne le quittait plus depuis des semaines devenait plus forte encore. Alors, il était venu devant chez elle, et avait frappé à la porte. « Zoe, ouvre-moi. C'est Danny. Il faut que je te voie, Zoe, s'il te plaît. S'il te plaît. Y'en a que pour cinq minutes, et je te laisse, promis. » Toujours aucune réponse. Danny baissa la tête, résigné et abattu. Tant pis pour les adieux, alors. Si Zoe n'avait envie de voir personne, c'était son choix. Mais en baissant la tête, Danny remarqua une petite chose étrange sur le paillasson devant la porte. Merde, mais, on aurait dit un peu sang séché par terre... Danny fronça les sourcils, et son ton se fit pressant, inquiété. Il tambourina à la porte. « Zoe ? Zoe, réponds-moi, dis-moi juste un mot ! Dis-moi que t'es là, Zoe. » Il inspira un grand coup avec difficulté, jetant par moments un coup d’œil anxieux sur ce qui lui semblait être du sang. Mais comment en être sûr, alors qu'il était capable de voire Lew, le voir en chair et en os, assis sur une chaise de la cuisine, le regardant tristement, alors qu'il n'était plus que cendres ? Rêvait-il également ce sang, ou n'était-ce rien de plus qu'un peu de terre ? « PUTAIN, Zoe, ouvre-moi, je t'en supplie, je veux juste te dire au revoir, je t'aime. » Il lui était arrivé quelque chose, forcément. Un suicide ? Non... Non, Danny ne le supporterait jamais. « Zoe, si tu m'ouvres pas, je te préviens... Je te jure que je vais défoncer cette porte. » Danny était sérieux, parfaitement sérieux. Il sentait encore une fois les larmes lui monter aux yeux, mais il attendit, cinq minutes, ou peut-être trois heures, immobile devant cette porte, espérant voir Zoe lui ouvrir, alors qu'au fond de lui, il savait très bien que ça ne se produirait jamais. Le tapis le rendait malade, il ne voulait pas croire ce que ses yeux lui disaient, il se mordait les ongles, et, debout, ne savait plus comment réagir. Alors, au terme d'une éternité de questions, il prit de l'élan et se jeta sur la porte, à deux, trois, peut-être quatre reprises, et finit par la faire sortir de ses gonds, une épaule probablement brisée sous les coups.
Mais Danny se moquait bien de son épaule. Le spectacle qui s'offrait à lui était bien pire. « Zoe... » Du sang, du sang partout, et la jeune femme était allongée au milieu du salon. L'appartement était retourné, les miroirs brisés, les meubles renversés, les objets étalés au sol, Zoe était morte, et surtout, tout était rouge, rouge de sang, rouge du sang de Zoe. Tétanisé, Danny fit quelques pas à l'intérieur, les yeux écarquillés et pleins de larmes, la bouche entre-ouverte, contemplant la triste scène qui se déroulait sous ses yeux embrumés. Non, non, il ne pouvait pas y croire, non, simplement non. Il s'approcha de ce qui restait de Zoe, s'agenouilla auprès d'elle, et là, les larmes affluèrent, par centaines de milliers, peut-être. « Oh non, Zoe, pas toi, toi non plus... » C'était... Il ne vivait ni plus ni moins qu'un cauchemar. Mais oui, il allait se réveiller d'une minute à l'autre, il allait se réveiller, dix ans auparavant, dans son lit à Plymouth, bercé par la chaleur et la mer, ivre de bonheur sur une plage froide de n'avoir fait que rêver. Mais rien n'arrivait, le cauchemar ne finissait pas, Zoe était toujours là, ensanglantée, glacée et défigurée sur le carrelage du salon. Sans vie. « Zoe, non... » Mais qui a bien pu te faire ça ? Qui, bon sang, qui ? Danny ne parvenait plus qu'à murmurer à peine, la voix brisée, devant cette femme qu'il n'avait que trop aimée, ses paroles étant étouffées sous les sanglots. Pendant des heures, des jours entiers, Danny était resté coincé à ses côtés, incapable de la moindre action, pendant des heures à ruminer, à se poser encore et encore les mêmes questions, à pleurer encore et encore. Seul, il était seul à présent, seul pour affronter le monde, seul contre tout, seul contre tous. « Pas toi Zoe... Pas toi. » Même Zoe, même Zoe elle n'était plus de ce monde, à présent. Elle était peut-être avec Lew. Mais Danny, lui, il restait ici, coincé dans ses sanglots, emmuré dans un appartement ensanglanté dont il ne parvenait pas à s'échapper, prisonnier de sa conscience, mentalement enfermé dans un monde bien trop noir. Et, pendant des heures, à travers celle de Zoe, il avait revécu en boucle la mort de Lew. Au travers de Zoe tournaient dans sa tête les derniers instants de son frère.

Mais Lew...

Danny plaqua ses mains sur sa bouche, respirant avec une peine visible. Mais bien sûr. Bien sûr que oui, bordel de merde, bien sûr. « Il te protégeait... Il te protégeait, putain, il te protégeait. MAIS OUI BORDEL. Il te protégeait... » Danny avait cru tout le monde. Ils l'avaient monté contre son frère, ils l'avaient monté contre Lew, et lui, il les avait cru. Naïvement, il avait pensé que son frère était dangereux. Il y avait cru. Tout s'effondrait. Tout. Il n'y avait plus rien, plus que du sang, il n'avait plus que du sang sur les yeux et les mains. « Il te protégeait Zoe... Je t'aime tellement tu sais, je voulais que ça se passe bien pour toi... Pardon Zoe. Pardon. » Et puis, lentement, il s'était relevé. Et puis, lentement, il était parti, il avait marché vers son appartement, doucement, parce que tout glissait sur lui. Il avait laissé derrière lui Zoe, Zoe et ce qu'il restait d'elle, laissant la découverte macabre à quelqu'un d'autre. Rien n'avait d'importance, rien, plus rien. Il se moquait de ce qui pouvait lui arriver, il se moquait du monde entier, du malheur des autres, même du sien. Parce qu'à ce moment, il était vide, complètement vide. Il avait trop de sang sur les mains, celui de Zoe se mêlant à celui de Lew.

Il avait trop pleuré, trop, alors que finalement, tout était de sa faute. Il avait détruit sa vie. Celle de Lew. Celle de Zoe. Celles de ses parents. Celle de Tom. Celle de Jessica. Celles des proches, de tous les proches. Il avait tout détruit. Et tout filait au ralenti, tout était irréel, il ne savait plus rien, plus rien du tout. Alors, il avait griffonné un petit mot et l'avait laissé sur la table basse du salon. Puis il avait avalé l'intégralité d'une boîte d'anti-dépresseurs. Il avait bu son dernier verre. Et il avait pris un grand couteau. Assis au salon, il ne lui avait pas fallu longtemps pour se résigner. En revanche, il lui avait fallu plus longtemps pour quitter ce monde. Lentement, il ne sentait plus rien, c'était comme si ce qu'il restait de son âme s'était envolée, petit à petit, emportant avec elle une conscience trop lourde et une valise pleine de remords. Il s'était soulevé, progressivement, atteignant une lumière blanche et puis plus rien. Le noir absolu.

Une bonne raison de vivre est également une bonne raison de mourir.







Q
uelque chose n'allait pas. La lumière était revenue, intense et pénétrante. Danny ne voulait pas ouvrir les yeux, il ne voulait pas, il avait le sentiment que s'il ouvrait les paupières, ses rétines allaient brûler avec son cadavre. Cadavre. N'était-il pas censé être mort ? Il s'en souvenait, il ne pouvait pas oublier, non, il s'était suicidé en bonne et due forme. Mais oui, il se souvenait de tout, de la découverte de Zoe, des médicaments, du verre de gin, du mot, du couteau, du sang. Et là... Là, il avait un affreux mal de crâne. Probablement dû aux anti-dépresseurs, il en avait avalé bien plus que ce que la posologie recommandait. Alors, dans ce cas, il était à l'hôpital ? Quelqu'un avait-il réussi à le sauver avant qu'il ne se vide complètement de son sang ? Danny soupira de désespoir. Sa situation était très loin d'aller en s'arrangeant. Donc comme ça, il allait finir sa vie en psychiatrie.
Mais ce lit, le lit dans lequel il devait être, il était loin d'être confortable. Tout était dur, râpeux, coupant, cassant. Merde, mais il ne s'était rien cassé, pourtant. A part son épaule, peut-être, mais dans ce cas, pourquoi tout son corps criait au secours ? Et ses bras, alors ? Eux, ils le laissaient tranquille, bien que, selon la logique, ils auraient dû être les premières victimes de la douleur. Danny se résolut à ouvrir les yeux, protégés par ses mains. Fébrilement, une paupière se souleva, suivie de la seconde.

Ce n'était pas l'hôpital.
Et ce n'était pas rassurant.

Danny était... Il n'avait aucune idée d'où il était. Mais pour sûr, il était mort, plus aucun doute là dessus. Aucun lieu sur terre n'avait cet aspect. Rien de semblable, nulle part. Autour de lui, des os. Des objets brisés. Et au ciel, un trou, un trou gigantesque, comme s'il venait de... Tomber. Le Paradis ? Non. L'Enfer ? Non. Un intermédiaire ? Un Purgatoire ? Probablement.
Il fixa ses avant-bras. Ils étaient... Normaux. Suivant la logique, encore une fois, deux énormes plaies auraient dû s'y trouver. Mais là, rien du tout, comme si, jamais, il n'avait commis un suicide. Rien, pas même une petite trace ou une petite cicatrice. Cette situation, résolument, commençait à l'angoisser. Où était-il, bon sang ? Aucun discours, aucune explication ? Livré à lui-même dans un univers inconnu, voilà son sort, voilà ce qu'il méritait au moment de sa mort.

Alors, scrutant toujours aux alentours en guise de la moindre information, Danny s'était relevé, difficilement, cassé de partout. Pour peu, il en venait presque à oublier sa... Vie. Non, ce n'était pas possible, il ne pouvait pas être mort... Et, à ses pieds, il trouva un genre de parapluie ainsi qu'une... Qu'un genre d'arme. Un peu du même type que celle qui avait servi à... Nerveusement, Danny avait laissé échapper un petit rire.

C'était donc ça, la mort ?
Une nouvelle vie ?
D'accord.



Derrière le masque


pseudo sur internet ☩ radioactive fish. prénom ☩ Line. âge ☩ Dix-neuf. comment t'es arrivé(e) ici ?☩ Oulà, ça date ! tu penses quoi de tout ça ? ☩ Ceci est une question bête. le code ☩ J'ai un vague souvenir qu'il y en a, mais lequel, par contre... un dernier mot ?☩ Trop de feels. :kyu:





Dernière édition par Danny Weaver le Mer 25 Juin - 0:02, édité 2 fois
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https://insanekids.forumactif.org/t26-lost-myself-and-i-am-nowhere-to-be-found-dan https://insanekids.forumactif.org/t137-journey-dan
Zoe Walker
Zoe Walker

❝ la mort imprévue fait partie de la vie, il faut bien l'accepter ❞

✢ DENTS PERDUES : 1973
☩ CERVELLES GAGNÉES : 4007
✢ ARRIVÉ AU PAYS LE : 07/05/2014
✢ PSEUDO : sola gratia.
✢ AVATAR : felicity jones.
✢ CREDITS : angel dust.
✢ AGE DU PERSONNAGE : vingt-sept
✢ JE SUIS : un certain lapin blanc.
✢ DANS TES POCHES : rien qui vaille la peine de la tuer ou de la menacer, croyez-moi. sauf si vous êtes friands de poussière, d'une fleur sèche et d'un morceau de champignon gâté.
✢ TA VIE : 96/100
✢ ANCIEN METIER : risk manager, pas très édifiant ou poétique, mais ça payait bien le loyer.
✢ LOCALISATION : ailleurs, au loin, ici.
lost myself and I am nowhere to be found ► DAN Tumblr_n5zdvq3has1s5syojo1_500
this is where the evening splits in half, Henry, love or death. Grab an end, pull hard, and make a wish.

pale shadows.
lost myself and I am nowhere to be found ► DAN 440462amrrrrr
wowowow:

✢ JE EST UN AUTRE : fawny.
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MessageSujet: Re: lost myself and I am nowhere to be found ► DAN   lost myself and I am nowhere to be found ► DAN EmptyMar 24 Juin - 18:09

:red: :bril: :mex: :arrg: :haan: :joie: :kiss: :nyu: 








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