conte-nous ta mort ☩ Dolly, mon impertinente, Dolly, mon immense, Dolly, tu ne trembles pas, le canon pointé sur ta tempe, tu ne trembles pas, Dolly, raconte-nous, ce que tu caches à l'intérieur, Dolly, je voudrais voir, tes entrailles et tes dédales, range ton sourire au fond de ton âme, cesse donc de rire, Dolly, regarde-moi, il y a une fleur noire dans tes yeux, une rose épineuse qui pique la peau, femme-enfant, femme-douleur, Dolorès, quand tu seras morte, tu sais, tu seras seule et je serai libre, mon idiote, mon indolente, et tu ris, mon doigt sur la gâchette, ma lèvre tremblante, tu ris, ta folie défoncée, ton cœur emballé, la fumée en spirale t'efface un peu déjà, Dolorès meurtrière, tu ne me tueras pas, mon amour, je te suicide, je te crime, je t'haine comme je t'aime, BANG BANG, tu pourras bien crier, BANG BANG, tu pourras bien crever entre mes doigts, ne jamais plus tourner, tu pourras bien, ne pas me supplier, même pas, ne quémander ni la mort ni la vie, fil tendu entre toi et moi, BANG BANG, et même en t'effondrant tu fais battre mon cœur, ritournelle infinie, de ta peau, de ta voix, de tes rêves, qui n'étaient plus les miens.

que penses-tu du pays des merveilles actuel ? ☩ Derrière mes paupières closes, il y a le vert de ton regard. Mon crâne tout entier vibre sous les assauts terribles du bang final. Tu l'entends, toi aussi ? Le fracas immense qui vient d'exploser ma vie aux quatre coins du monde. Le mortel coup de feu, le crac de la balle qui pénètre dans ma tempe, la dernière bouffée d'air qui quitte mes poumons. Alors que je pensais fermer les yeux à jamais, je les ouvre. Le paysage, autour, tout autour, le paysage, inconnu, tremble, tangue, oscille, danse. Dans ma nuisette blanche tâchée de rouge, j'ai froid - j'ai froid mais je suffoque, où suis-je, ça pue ici, ça sent la mort à en crever, ça sent la fumée et l'infini, ça sent le sang, mon sang, le tien, ça sent tout, tout sauf la vie - j'étouffe. À ma droite, une ombrelle et un flingue, déposés là par je ne sais quel ange gardien. Serait-ce un rêve ? Suis-je en plein cauchemar ? Déjà la nuit tombe et j'ai beau hurler, personne ne me répond.
Poupée aux pensées-poussières au pays des merveilles - mais ce pays n'existe pas, les merveilles sont bien noires. Vivante, je n'avais pas peur. Vivante, la mort pouvait bien me chanter ses doucereuses berceuses, peu importait. Vivante, je voulais bien mourir. Mais suis-je encore vivante, ici ? J'ai peur. Tout semble en équilibre, précaire équilibre, prêt à s'effondre au premier souffle empoisonné. Je ne suis pas équilibriste.

et sinon, tu dois bien avoir un endroit préféré en ce lieu, non ? ☩ Dès la première nuit, je me suis réfugiée dans la forêt luminescente. L'obscurité environnante me rendait folle. Il me fallait un refuge, une cachette presque secrète, un endroit où faire taire mes phobies. Je ne sais jamais quand la nuit tombe ici. Je ne sais jamais quand le noir s'abat, quand il avale, quand il me nargue. Je suis incapable de deviner quand je dois commencer à trembler vraiment, à courir loin. Je tente bien de m'éloigner de cette forêt bien trop silencieuse à mon goût le jour, emportant toujours avec moi une feuille magique arrachée de force à un de ces grands arbres. Mais loin de ses compatriotes, la luciole malgré elle n'éclaire pas bien longtemps. Récalcitrante, presque boudeuse, elle finit toujours par m'abandonner quelques mètres avant la fin de ma course.

☩ si dolorès laisse facilement entendre à ceux qui la questionnent qu'elle est une enfant des rues, la vérité est ailleurs : issue d'une famille française aisée, elle n'a jamais manqué de rien. ☩ adepte de surnoms et de faux semblants, il lui arrive de se faire appeler léo, barbara, jane et même, melody nelson. ☩ bien qu'aimant jouer l'ingénue, dolorès reste une fille relativement cultivée. cependant loin d'être taillée pour les études, elle a quitté le lycée à la fin de la terminale, sans obtenir son bac. ☩ il est fortement déconseillé de la laisser près d'un piano : qu'il soit accordé ou non, elle sera capable en quelques notes de vous dégoûter de l'instrument à vie tant elle est mauvaise. ☩ elle aime beaucoup danser - mais est très rarement en rythme. ☩ dolorès a l'intérieur du poignet gauche orné d'un coquelicot rouge un peu fané. ☩ de son vivant, elle souffrait de très nombreux problèmes d'addiction qui laissèrent, au fur et à mesure, des traces indélébiles dans sa façon d'être, de concevoir la vie et ses relations. ☩ bien qu'ayant un faible pour les hommes plus âgés qu'elle, l'intrépide aime s'échouer dans les bras de filles à la peau douce et de jeunes garçons aux rêves flous. en continuelle recherche d'attention et de tendresse, elle est prête à beaucoup pour attirer les regards sur elle, pour plaire. malgré les apparences, elle manque de confiance en elle et a besoin des yeux des autres sur sa peau à elle pour se sentir vraiment belle, vraiment vivante. ☩ atteinte d'une peur panique du noir, elle n'a jamais pu s'endormir sans les volets ouverts, une veilleuse ou une bougie, malgré le danger que cette dernière pouvait représenter. ☩ elle a un talent notable pour le dessin et la peinture. sa toile préférée reste son propre corps, qu'elle recouvre souvent de gribouillis et d'aquarelle. elle prend néanmoins beaucoup de plaisir à peindre sur l'épiderme de ceux qu'elle aime.

M

ademoiselle Nelson, vous la connaissiez ?

- Melody ? Celle qui s'appelle comme les chansons de Gainsbourg ? Melody. Je ne connais qu'elle, Melody. Elle avait de longs cheveux qui dansaient. Elle avait de grands yeux qui papillonnaient. Elle avait un cul qui ondulait. Elle avait une bouche qu'était bonne rien qu'à embrasser. Fallait pas laisser parler Melody. Dès qu'elle ouvrait la bouche, c'était fini. Elle racontait des histoires folles qui voulaient rien dire. Elle saupoudrait vos rêves d'une poussière noire, un truc dégueulasse, un truc qui colle à la peau. Peut-être du goudron. Peut-être du désespoir. Le grand spleen des poètes, vous savez ? Elle rigolait quand je disais ça. Elle rigolait avec les lèvres, avec la langue, avec les dents. Le spleen faisait rire Melody. (...) Elle faisait pas l'amour, Melody. Elle baisait, parfois comme un animal blessé, parfois comme une femme fatale, souvent comme une vierge effarouchée. C'était beau à voir. C'était une danse lente, c'était une longue mort. (...) Elle sentait fort l'océan. L'océan, l'ambre et la cannelle. C'était un mélange étrange. (...) Dolorès, vous dites ? Non, je ne connais pas de Dolorès. Mais Melody, peut-être qu'elle avait la peau d'une Dolorès.

- Dolly. Si j'connais Dolly. Bien sûr que j'connais Dolly. Elle était tout le temps fourrée chez moi. Les mecs qui squattent toujours en bas d'ma rue nous appelaient princesses. Ils criaient, hé, princesses, et on leur refilait des clopes pour les faire rougir. C'était facile, il suffisait d'un rien. Le pire c'est quand elle mettait ses talons aiguilles, un truc de fou. Elle mesurait bien cinq centimètres de plus qu'eux alors et ils mataient rien d'autre qu'ses seins. Moi ils préféraient mon cul mais ils le disaient pas. (...) On a débarqué à Londres ensemble. On avait des rêves de grandes, on avait de la weed et on avait le monde à nos pieds. Vous m'croyez pas, hein ? Dans vos uniformes à la con, vous m'croyez pas ? Et puis maintenant qu'elle est morte, vous pouvez pas savoir comme elle était belle, comme elle était grande, comme elle aurait pu vous faire exploser l'crâne. Ouais. Même à vous, dans vos uniformes à la con. Ouais. (...) Personne l'aimait Dolly. Personne l'aimait vraiment. Personne à part moi. Tout l'monde voulait bien la sauter mais personne avait envie d'l'aimer. Alors me demandez pas une liste d'ses amants, une liste d'ses ennemis, ça rime à rien. En plus, j'sais qui c'est. (...) J'connais pas son prénom. J'connais pas son nom. Il doit avoir votre âge. P't'être même un peu plus. C'est à cause de lui qu'on est v'nu à Londres. Au début, même, on vivait chez lui. Et maint'nant j'vais rentrer à Paris. D'accord ? Vous vous en foutez, oui.

- Mademoiselle Nelson. Jamais en retard dans les loyers. Un mur du salon repeint en bleu nuit. Vous pensez que je peux garder le chèque de caution ? Quelques sauteries beaucoup trop bruyantes. Mais elle invitait les voisins, alors, vous savez. (...) Quelque chose d'autre ? Non. Non, rien. Vous direz à sa famille que je suis désolée.

- (...) Elle a toujours été comme ça, Dolorès. Un peu fantasque. Toute petite déjà, elle voulait que tout le monde la regarde. Elle cherchait la lumière, elle se nourrissait de lumière, quitte à écraser les personnes autour, quitte à s'en brûler les ailes. Ce n'était pas une petite fille méchante. Mais elle me faisait peur, parfois. (...) Elle savait charmer. Même son père, elle le charmait. En un regard, un mouvement de cheveux, une moue tremblante. Avec moi aussi. Je crois qu'on lui cédait tout, à Dolorès. Tout. La descente aux Enfers aussi, sans même tenter de la retenir. C'était facile de la croire quand elle criait que tout allait bien. C'était facile, bien trop facile, de fermer les yeux, toujours, sur ses cris. (...) Même la mort. Surtout la mort ?

- Personne ne connait mademoiselle Nelson. C'est même pas un nom, ça, Dolorès Nelson. On dirait le pseudo d'une prostituée, un truc tout juste bon à exciter les vieux un peu cultivés qui bandent une fois sur dix - et encore. Pour connaître mademoiselle Nelson, il aurait fallu lire Nabokov et écouter Gainsbourg. Il aurait fallu la suivre sur les boulevards fous, inspirer l'air qu'elle expirait, s'échouer sur sa peau pour toujours, vivre dans ses yeux et mourir entre ses peurs. Fumer ses mégots. Ravaler ses sanglots. Éclairer ses nuits, allumer ses heures, jour après jour. Personne ne connait mademoiselle Nelson. Son âme est trop vaste pour être contenue dans un dossier - toute âme est trop vaste pour être contenue dans un dossier, même la plus sèche. Et même en découvrant qui a tué Dolorès, l'affaire ne sera pas réglée. On n'arrange rien en mettant un nom, un visage sur un crime. On ne fait revenir personne. Il faudrait connaître l'histoire, chaque détails. Il faudrait superposer les esquisses, recouper les contes, sculpter à nouveau le corps de mademoiselle Nelson de la tête au pied, du cœur au corps, de l'âme au crâne. Mais personne mieux qu'elle - personne mieux que moi - ne connait ses amours, ses déboires et ses étoiles. Vous voulez que je vous dise ? Il avait trente-sept ans. Il était mon professeur d'anglais en première. J'ai passé l'année à me trémousser sous son nez pour lui plaire. En cachette, il me transmettait des listes de livres - le premier de tous, vous le devinez, était Lolita - que je dévorais d'un bout à l'autre. Au premier jour des vacances scolaires, il m'a invitée dans sa nuit. Pour la première fois, je pouvais être sienne. Il m'aimait follement. Je le désirais terriblement. Il a quitté Paris pour Londres en août pour sauver son couple. Je l'ai rejoint plus tard. Il a quitté sa femme pour mon cul. J'ai continué à danser pour d'autres. C'est ça qu'il n'aimait pas. C'est ça qu'il ne pouvait supporter. Ce soir là, j'étais défoncée. Je sais même plus ce que j'avais pris. Lui, il avait bu. J'avais la trace des doigts d'un autre sur les cuisses. Il était fou. J'étais déjà un peu morte. Mais vous ne le saurez pas. Mais vous ne le saurez jamais. Parce que, bang bang, my baby shot me down.

pseudo sur internet ☩ peau de fleur, peut-être. prénom ☩ clara. âge ☩ vingt ans. comment t'es arrivé(e) ici ? ☩ en fermant les yeux. tu penses quoi de tout ça ? ☩ ça me tempête. le code ☩ gourgandine.  un dernier mot ? ☩ et après ?

Pardon du retard. J'ai trouvé très chouette l'idée de faire ça sous forme d'interview, les PDV varient vachement.   Une plume très fluide, une fiche qui arrive à se lire sans problèmes avec une touche de poésie, c'est tout beau.     J'te valide !

lors comme ça, t'es convaincu(e) que tu peux survivre ici, toi, petit tas de viande ? Vraiment ? Oh, très bien, tu pourras pas dire qu'on t'a pas prévenu, c'est à tes risques et périls de t'aventurer dans cet univers douteux. Qui plus est, tu veux savoir le meilleur ? Tu m'rappelles énormément quelqu'un qui habitait ici, qui appréciait ce monde malgré ses mauvais côtés, on dirait que t'es alice, c'est étonnant comme les esprits peuvent se croiser. Quoi qu'il en soit, ces êtres ne sont plus là et c'est bien pour une raison, mourir une fois c'est une chose, claquer une deuxième fois et ici, c'est une autre histoire. Pour commencer, avant de t'offrir le repos du guerrier, tu vas devoir recenser ta face de rat, parce que certes les dieux du forums sont multi-fonctions mais il faut que tu bouges un peu toi aussi ! Ensuite, tu pourras en toute innocence te diriger vers les liens, les rps, c'est toujours plus amusant de butter du monstre à deux, ou plus, non ? Ceci étant fait, tu pourras toujours par extension, te créer une autre âme en peine, parce que plus y'a de fous, plus ça rigole dans les couloirs ! Et pour finir ? Rien, si ce n'est gaffe à ta tête qui peut bien vite tomber. (au cas où tu l'aurais pas remarqué, nous t'offrons 10 points pour ta validation, sicépabo ça ?)

Le staff de WHYDA te souhaite bon amusement, bon RP et bon décès !