conte-nous ta mort ☩ C'était sa quatrième semaine de travail chez Mason Four Fields. Aucun de ses collègues n'avaient songé à le féliciter pour ça mais il s'était contenté de célébrer tout seul avec une petite gorgée de gin avant la fin de son service. Il ne leur en voulait pas, après tout, il savait bien que personne ne le connaissait encore et il fallait reconnaître qu'il ne leur leur simplifiait pas la tâche pour être honnête. Seulement, il ne pouvait pas faire autrement. La culpabilité le tenait comme la drogue tient un camé. Elle était là dans ses os, dans ses muscles, dans chacun de ses nerfs et ses tendons. Elle était là quand il inspirait et expirait, à chaque mouvement qu'il faisait. Elle était devenue sa compagne de jour comme de nuit et rien n'y faisait. Il avait beau savoir que ce n'était pas de sa faute et continuer sa vie comme si de rien n'était, quelque chose avait définitivement changé.

C'était justement à ça qu'il réfléchissait ce soir-là. Le soleil d'été lézardait entre la cime des arbres, plongeant dans une nappe rosée l'herbe et les fleurs du parcours de golf. Il ne lui restait plus qu'une seule chose à faire et il était libre de rentrer chez lui. Il lui suffisait juste de remplir un dernier trou sur le parcours 4 et c'était bon mais son sort fut scellé lorsqu'il entra sur cette pelouse.

Au début, il ne le reconnut pas. Le soleil couchant en face de lui cachait en partie le visage de la silhouette en contre-jour. Tout ce qu'il vit en s'approchant était un homme en train de boire comme un trou en alternant les swings, une vingtaine de balles posées sur le sol. Mais quand il s'approcha pour lui dire qu'il était temps de s'en aller, il le reconnut enfin, en même temps que l'autre. Cette petite moustache en forme de guidon de vélo et la cravate avec les fers à cheval défaite et froissée. Cette vision souffla sur sa mémoire le souvenir d'un temps passé qui sentait bon les orchidées et le thé au citron un peu comme la madeleine de Proust. Mais elle fut presque aussitôt gâchée par la culpabilité resserrant sa prise sur ses entrailles. Il ouvrit la bouche pour parler, expliquer, compatir mais seuls les mauvais mots s'échappèrent de ses lèvres et la seule réponse qu'il obtenu fut le putter de M. Seward heurtant sa tempe, emportant avec lui sa culpabilité dans un horrible craquement.

que penses-tu du pays des merveilles actuel ? ☩ a vu de nez, on dirait un cauchemar, un véritable enfer sur Terre où Roman n'arrive pas à retrouver ses marques. Ici, tout ce qui n'est pas humain et potentiellement dangereux et où l'on peut risquer de perdre sa vie à chaque détour de chemin. Ceci dit, c'est peut-être de circonstance. Si ce lieu est l'enfer, il ne peut pas dire qu'il ne le mérite pas, au contraire, ça pourrait même être le meilleur endroit pour lui s'il y a une justice dans ce monde. La seule chose qui lui a permis de survivre un peu à ce monde est le fait qu'il était habitué au grand air et la nature. Le scoutisme, c'était pas son truc mais les nuits à la belle étoile, si…

et sinon, tu dois bien avoir un endroit préféré en ce lieu, non ? ☩ la forêt luminescente sans la moindre hésitation. De nuit de préférence, quand les feuilles des arbres s'illuminent dans le noir et que le silence s'étend enfin. Dans ce calme-là, Roman a l'impression de retrouver un semblant de normalité et il lui permet de se calmer et surtout de reprendre ses esprits pour affronter une nouvelle journée dans au Pays des Merveilles. C'est pour cette raison qu'il aime cet endroit et qu'il aime se percher dans les branches pour fermer les yeux et s'endormir au bruit des la forêt endormie, rassuré par la semi-lumière l'entourant.

☩ il n'a jamais fait d'études supérieures. ☩ il s'est fait arrêté à 16 ans pour troubles à l'ordre publique. ☩ grand fan de la poésie allemande et anglaise. ☩ il a 6 tatouages différents. ☩ tout ce qu'il connait sur la culture des orchidées, il le tient de son grand-père. ☩ il est asthmatique. ☩ quand il avait 7 ans, il est tombé dans une carrière de pierre et y a gagné une cicatrice en forme d'éclair sur la paume de la main. ☩ il a toujours rêvé d'aller vivre en Nouvelle-Zélande. ☩ il trouve les orages apaisants. ☩ il aime bien s'interroger sur le sens des choses en faisant de grands débats intellectuels avec lui-même.

phelia’s Court, Noël 2005.

C’était la première fois qu’il voyait Julia, pour les vacances de Noël. Il travaillait pour M. Seward depuis un peu moins d’un an et connaissait tout le monde sur le domaine, que ce soit le reste du personnel ou la famille propriétaire d’Ophelia’s Court. Un magnifique domaine dans le Devon à quelques kilomètres à peine de chez lui qui se transformait en hôtel de luxe pour la belle saison. Son grand-père y avait travaillé et connaissait son propriétaire, M. Seward depuis des années, c'était lui qui avait réussi à lui trouver l'emploi. Apparemment, M. Seward était un grand adepte des secondes chances et ne s'était pas attardé sur ses antécédents judiciaires comme tous les potentiels futurs patrons que Roman avait rencontré avant l'avaient fait. Tout ce qu'il avait fait avait été de poser rudement sa main sur l'épaule de Roman en lui disant : «Ton grand-père m'a dressé un très beau portrait du travailleur acharné que tu es sensé être. Je ne demande qu'à voir ça, ne me déçois pas, petit.» et le mettre à l'épreuve pendant trois mois. Et parce qu'il avait crut en lui et surtout qu'il ne voulait pas mettre son grand-père dans l'embarra, Roman avait supporté en silence son horrible collègue Rufus qui devait tout lui apprendre sur le domaine et sa gestion pendant son temps de mise à l'épreuve. Au bout de trois mois et d'un parcours sans faute, Roman avait été engagé définitivement.

Ce jour-là, c’était pendant la saison creuse et tout ce qu’il allait avoir faire pour presque six mois serait de s’occuper des fleurs dans la serre et veiller à ce qu’elle passe l’hiver et le printemps. Enfin, quand il aurait terminé de déplacer les plantes en pots qui ne supporteraient pas le climat hivernal d’Angleterre. Julia, elle, rentrait de son université pour les vacances d'hiver.

«Je croyais que l’hôtel était fermé jusqu’à mai.» fit remarquer Roman en soufflant dans ses mains pour les réchauffer quand il vit une voiture déchirer le brouillard matinal du Devon. Rufus releva la tête pour regarder la voiture à l’outrageuse carrosserie écarlate puis retourna à son pot de laurier en ricanant. Ce n’était pas n’importe quel client mais la petite nièce de M. Seward, apparemment la seule personne de sa famille qu’il supportait de voir. Roman observa la voiture en attendant que la fameuse nièce en sorte, s'attendant à voir une petite bourge suffisante et coquette, ravie des biens que lui avait donné la vie. Au lieu de ça, une petite silhouette frêle et fragile émergea de l'habitacle, la figure pâle comme celle d'un fantôme, ses cheveux d'une couleur terne pendant tristement sur ses épaules. Elle avait l'air d'être courbée comme si elle portait le poids du monde sur ses épaules et lorsqu'elle tourna les yeux dans la direction de Roman et Rufus, le jeune homme encaissa le regard le plus triste qu'il ait jamais vu de sa vie. «Elle a pas l'air de sauter de joie.» Non, ça pour sûr, jamais elle n'aurait été admise au pays des toupoutous. Roman se pencha sur son pot de laurier et recommença à le faire rouler lentement mais sûrement vers la serre pour avoir l'air de travailler en voyant M. Seward sortir de la maison, les bras grand ouverts pour accueillir cet espèce de spectre venu d'on ne sait où. «Ça n'a jamais été le cas. Même quand elle était petite, elle était déjà comme ça. Mais t'occupe pas de ça, ce ne sont pas tes oignons. Vire-moi plutôt cette putain de pelle du passage!»


phelia’s Court, juillet 2007.

«Je préfère quand c'est calme.» ronchonna M. Seward en se resservant une tasse de thé au citron. Roman et Julia échangèrent un regard et s'empressèrent de le détourner pour ne pas se mettre à ricaner. Enfin, Roman eut du mal à retrouver son calme mais comme d'habitude, le regard de Julia se perdit dans le vague tandis que son sourire s'effaçait tout doucement de son visage comme si on soufflait dessus. Elle était toujours comme ça, et même un an et demi après leur toute première rencontre, le jeune homme n'arrivait toujours pas à la cerner. Parfois elle pouvait se montrer joyeuse pendant des heures avant de redevenir aussi morne et triste qu'une vieille coque de noix oubliée dans l'herbe. Parfois, elle pouvait rester assise des heures sans bouger à fixer le lac sans piper mot ou réagir.

«Qu'est-ce qu'on apprend aux jeunes de nos jours pour qu'ils soient aussi remuants et bruyants?!» continua M. Seward qui enroulait à présent le bout de sa moustache autour de son doigt. Roman songea que c'était lui qui, quelques mois encore à peine, soupirait après le calme insupportable qui régnait à Ophelia's Court mais préféra ne rien faire remarquer et reporta son attention sur le bégonia qu'il était en train de rempoter au pied de la petite véranda privée de la famille. Julia s'ébroua, les pieds toujours dans l'eau du petit étant et décrocha un nénuphar pour le prendre en coupe dans ses mains et s'allonger dans l'herbe en levant un regard à l'envers vers son oncle. «Pourtant, hier soir tu disais que les jeunes étaient le futur de notre civilisation et qu'il était agréable de les écouter parce que tu te sentais vivant.» Le vieil homme s'arrêta pour jeter un regard courroucé à sa nièce, la madeleine qu'il avait prit du plateau suspendue entre son assiette et sa bouche. «Tout le monde peut changer d'avis, ma chère.»

pseudo sur internet ☩ Anathea. prénom ☩ Bérénice. âge ☩ 19 ans. comment t'es arrivé(e) ici ? ☩ par le terrier du lapin blanc. tu penses quoi de tout ça ? ☩ ici. le code ☩ Danny approuve.  un dernier mot ? ☩ ici.

ue nous sommes vilains tu dois te dire ! Pourtant, ce petit message n'est qu'à titre d'information - histoire de te prévenir. Parce que oui mon petit lapin, ça va faire une semaine que tu as lancé ta fiche, celle-ci n'étant pas finie, il te reste encore une semaine pour le faire.     Attention à toi malgré tout, parce que si tu dépasses ton premier délai, tu n'auras pas droit à un deuxième - et oui, parce que deux semaines, c'est largement suffisant, m'après si t'as une raison en béton genre pc mort, soucis irl on comprendra et on pourra t'offrir des jours en plus.   ALLEZ. TU VAINCRAS.   Sinon on t'envoie du thé bouillant dans la face.